Ce matin-là, Sylvia se leva la première parmi les filles de son dortoir. Elle n'était pas habituellement une lève tard, aimant profiter au maximum de sa journée pour lire de nouveaux bouquins et remplir de connaissance sa tête déjà bien pleine, mais n'avait pas non plus l'habitude d'assister au lever du soleil.

Lorsqu'elle descendit les quelques escaliers menant à la pièce principale de la salle commune, la lumière tamisée et rougeoyante augmentait doucement, mais assez vite pour que l'oeil humain s'en rende compte. Lentement, tout comme le soleil se levait, Sylvia s'approcha d'une fenêtre de la tour des Serdaigles, pour regarder ce beau spectacle matinal. Elle ouvrit doucement la fenêtre et posa un coude sur le rebord, un air pensif sur le visage.

Au bas de la tour, on pouvait apercevoir un début de marécage que l'inondation du parc provoquait. Le parc du château jadis si beau était devenu laid. La mousse envahissait les bancs, les troncs d'arbres, et tout ce qui se trouvait à proximité. C'était tout simplement un spectacle désolant, que les élèves de Poudlard devaient chaque jour contempler... tout cela à cause de la salle. Celle que Sylvia aurait pu essayer de fermer si son acolyte n'avait pas eu peur d'aller jusqu'au bout et était revenu à Poudlard à sa réouverture. Sylvia laissa échapper un soupire de frustration. Refermer la salle règlerait bien des problèmes. Comme ce sentiment permanent de doute, qui planait sur Poudlard et ses élèves...

Les réunions du Risèd Squad avaient repris. Ils étaient nombreux à vouloir combattre Saya et sa maudite salle. Mais combien serait réellement présent s'il fallait se battre ? Et avançaient-ils tout simplement dans la bonne direction, avec cette histoire de miroir du Risèd qu'il fallait présenter à Saya ?

Toute à ses réflexions, Sylvia n'entendit pas les bruits de pas derrière elle...

[ Je m'incruste ! Mais + on est de fous, plus c'est sympa ! ]

Suite à cette nuit qu'elle avait passée, dur avait été le réveil... Et encore, c'était un euphémisme. Clémentine, d'habitude si active au petit jour, s'était cassée la binette de son lit en voulant attraper ses nouvelles lunettes sur sa table de chevet. Du coup, le bruit sourd réveilla plusieurs élèves qui ronchonnèrent et la Serdette pensa qu'il valait mieux sortir du dortoir, pour ne pas les perturber d'avantage... Et aussi pour ne s'attirer aucune foudre ! Clémentine s'était donc mise debout difficilement. Pas jolie jolie à voir d'ailleurs. Les cheveux éparpillés autour de la tête tel Edward aux mains d'argent version chewing-gum à la fraise, les bras ballants et le dos voûté tout comme la créature de Frankenstein, les yeux cernés, creusés, petits et brillants... La jeune fille avait beau se frotter le visage, s‘étirer langoureusement, rien ne pouvait lui donner véritablement le courage de se réveiller.

Elle attrapa son peignoir bleu et noir... l'enfila à l'envers et sorti donc de la chambre des filles. La descente de l'escalier fut un supplice ! Clémentine manqua de glisser plusieurs fois et se cramponna à la rampe du mieux qu'elle pu. Après quelques longues minutes, elle se dirigea mollement vers la table ronde installée au milieu de la pièce, à côté des canapés. Là, elle s'y laissa tomber... a côté de la chaise, forcement. Elle rétorqua un "ouïe" de douleur et du s'accrocher à la table pour se remettre debout. Il fallait la voir replacer sa chaise et s'écrouler à nouveau dessus comme une petite vieille de 500 ans... Un spectacle pitoyable ! La jeune fille eut tout de même la force de tourner la tête vers cette élève, debout, près de la fenêtre, à regarder au dehors d'un air mélancolique. Mais le petit vent frais du matin qui entra dans la pièce ne réveilla pas plus notre Clémentine qui lâcha pateusement:

" Ah tiens, salut... Tamara... "

Blom ! La jeune fille laissa tomber sa tête sur la table. Elle avait tout de même croisé ses bras auparavant et ferma à nouveau les yeux dans un sourire béat. Elle repensait à cette nuit magique, et se dit quelle valait bien toutes les fatigues du monde.

Des bruits de pas lourds se firent entendre. Sylvia tourna la tête, curieuse de voir qui viendrait lui tenir compagnie. Non pas qu'elle aie besoin de compagnie d'ailleurs. Sylvia savait se suffire à elle-même. La solitude était d'ailleurs la meilleure amie des personnes aussi intelligentes qu'elle. Comment pouvait-on s'enrichir l'esprit à l'aide de bouquins délicieusement rédigés entre deux conversations sur le petit ami qui venait de tromper l'une, et sur celui que l'autre n'aurait jamais ? Non, vraiment, ce genre de relation avec qui que ce soit était totalement prohibée pour Sylvia. Du moins, tant qu'elle n'avait pas terminé ses douze livres quotidiens. Après, elle pouvait bien passer un peu de temps à jouer la fille sociable après tout.

Ce fut Clémentine Zinerth qui vint la rejoindre. Ou du moins, ce qu'il en restait. La jeune Serdaigle aux cheveux roses se déplaça tel un zombie qui n'avait pas émergé depuis facilement dix milles bonnes années. La tignasse désordonnée et les traits tirés par le sommeil, Clémentine avait soudainement pris dix ans de plus. Ou presque. Saluant mollement Sylvia d'un "Salut Tamara", des lunettes sur le coin du nez, la préfète en chef de Serdaigle eut du mal à y croire. Certes, Clémentine était un vrai cas. Le surmenage du choixpeau magique l'avait fait atterrir à Serdaigle par mégarde, et ça, Sylvia le savait. Mais la voir dans un tel état restait tout de même difficile à croire.

Après un soupir las, Sylvia se décida d'aller voir de plus près le spécimen Clémentine. Tirant une chaise près de la jeune fille, Sylvia s'assit à la table, et claque des mains pour réveiller sa camarade.*

"À qui as-tu volé ces lunettes, Clémentine Zinerth ?" dit-elle d'un ton grave. "C'est Sylvia. Pas Tamara. Tamara est à Serpentard je te rappelle", ajouta-t-elle, vexée. "Et tu as fait quoi cette nuit au juste, pour être dans un si piètre état ?" l'interrogea-t-elle comme une mère l'aurait fait à sa fille qui découchait sans autorisation.

Clémentine était déjà prête à replonger dans le néant, calée dans ses bras croisés et en partance pour des univers magnifiques au milieu desquels flottaient un sourire fendu d'une cicatrice et de beaux yeux noirs, profonds et hypnotiques... Mais alors que la Serdette eut senti le vertige de la fatigue la reprendre à nouveau, un puissant claquement sonna à ses oreilles et la fit sursauter avec effroi. Elle tourna la tête vers Tama... euh, Sylvia, et lui lança un regard apeuré, un peu perdu aussi ! C'était violent, mais au moins ce claquement de mains avait eut don de la secouer quelque peu.

La jeune fille se frotta les yeux par dessous ses lunettes mises de travers. Au final, Clémentine les retira et les plia sur la table, histoire de mieux s'éclairer les mirettes. La Serdette porta donc son attention sur la blondinette qu'elle avait débord prise pour quelqu'un d'autre. Sylvia lui posa alors tout un flot de questions compliquées... Ou du moins, celles-ci sonnèrent comme étant compliquées aux oreilles de la Clémentine pourtant elles étaient très simples ! La jeune fille se gratta distraitement le dessus de la tête tout en laissant son regard dériver dans le vague.

" Euuuh je... Ah. Alors d'abord ce sont mes lunettes à moi. Mes lentilles me faisaient mal en ce moment mais je les ai toujours eues et... "

Clémentine bailla à s'en décrocher la mâchoire, non sans mettre ses deux mains devant sa bouche tout de même. Elle enchaîna en regardant cette fois sa camarade.

" Pardon. Et cette nuit, qu'est-ce que j'ai fait c'est ça ? Bah je... j'ai passé la nuit avec... un garçon. Et c'était magique ! "

La Serdette esquissa un grand sourire, les yeux à demi clos sans se rendre compte une seule seconde de ce qu'elle venait de dire... D'ailleurs si elle s'en était aperçue, Clémentine aurait surement rectifié le tir aussitôt. Mais ce matin, son cerveau marchait au ralenti...

Sylvia Stender se serait attendu à tout, sauf à ça. Elle s'était imaginée des scénarios rocambolesques, dans lesquels Clémentine se serait retrouvé, pour une raison ou une autre, ainsi : avec des lunettes sur le coin du nez. Mais quand Clémentine parla de lentilles, ce que les moldus utilisaient fréquemment pour remplacer des lunettes, Sylvia en resta bouche bée. Clémentine Zinerth, la Serdaigle aux cheveux rose bubble gum, avait besoin de lunettes ! La chose aurait pu paraitre totalement anodine. Pas aux yeux de Sylvia. Une fille à lunettes, ça faisait beaucoup plus sérieux dans son esprit. Rien à voir avec la Clem-clem qu'elle connaissait. Et puis, la fille à lunettes aux airs hautains et à l'intelligence démultipliée, c'était elle, Sylvia Stender.

"Bon, et tu vas bientôt remettre tes lentilles je suppose ?" dit-elle d'un ton sec.

L'idée que sa camarade puisse conserver ses lunettes lui était presque insupportable. Sylvia se sentait bêtement privée d'une partie de son identité. Certes, Clémentine Zinerth n'avait pas son intelligence. Et elle était loin de ressembler à Sylvia, tant physiquement que mentalement. Mais c'était ainsi : la Serdaigle aux bouclettes blondes se sentait dépouillée.

Absorbée par ses pensées moroses, Sylvia aurait presque raté la confidence de Clémentine, si elle n'avait pas été aussi spontanée et importante. Clémentine avait passée la nuit avec... un garçon ! Stupéfaite, Sylvia plaqua une main sur sa bouche entrouverte. De quel garçon s'agissait-il ? Le Serpentard à qui elle voulait donner un dessin ? Était-il venu dans la salle commune des Serdaigles ? Ou pire, Clémentine avait-elle enfreint le règlement en se promenant dans les couloirs après le couvre-feu ? De toutes ces questions qui se bousculaient dans la tête de Sylvia, une seule cependant fut formulée à voix haute.

"Quand tu dis que tu as passé la nuit avec un garçon, tu veux dire... tu veux dire que... vous avez discuté, c'est bien ça ?" demanda-t-elle en redoutant la réponse.

Au fil des minutes, Clémentine semblait douuucement émerger. Lentement, mais surement ! Il fallait dire que d'ordinaire, la jeune fille était assez matinale et appréciait d'ailleurs de se lever avant les autres. Bon. Les jours de repos en revanche étaient l'exquise source de grasses matinées bien méritées ! Mais en semaine, la Serdette avait la pêche... et aimait le faire savoir à qui ne le voulait pas. Seulement ce matin, la pauvre était complètement HS. Face à Sylvia, Clémentine ne se voulait que très peu réactive, alors qu'elle aurait dû, bien au contraire, peser ses mots afin de ne sortir aucune bêtise... comme celle qu'elle venait justement de lâcher à l'intention de sa camarade. Clémentine redressa le nez, percevant le léger changement de ton de son amie, plutôt sec et agacé.

Elle parlait de lentilles... Visiblement, d'après ce que pouvait saisir son cerveau ramolli, Clémentine sentait que Sylv' prenait mal le fait qu'elle puisse porter des lunettes. La Serdette cligna des yeux, interloquée. Il était vrai que dans son entourage, seule la blondinette arborait fièrement ses binocles légendaires, point d'honneur à sa réputation fondée d'érudite et d'excellente élève. En aucun cas Clémentine ne voulait blesser la Serdouch' dans son orgueil ou mieux, dans son honneur. Aussi, bien qu'elle n'en ait pas véritablement les moyens ce matin, Clem' tenta de se justifier un peu, barbouillant ses phrases d'un air pâteux et se grattant distraitement le dessus de la caboche.

" Oh, ne t'en fais pas pour ça. Je ne les sors du placard que lorsque mes yeux me font mal. C'était le cas ce matin, j'ai dû porter trop longtemps mes lentilles hier. "

Clémentine ferma un instant les yeux. Elle eut du mal à les rouvrir d'ailleurs et piqua du nez avant de continuer toujours aussi lentement, mais l'air un peu plus morose cette fois.

" D'ailleurs je n'ai jamais aimé les lunettes. Elles... elles me rappellent trop de mauvais souvenirs. "

La Serdette esquissa un sourire sans joie avant de croiser le regard de son amie. N'ayant pas plus envie de s'étaler sur le sujet, Clem fut ravie que sa camarade change de sujet... ou pas ! Interloquée, la jeune fille aux cheveux roses ne se souvenait même plus de l'énormité qu'elle avait dite et bafouilla sans trop comprendre, l'air hagard.

" Bah je... oui, euh... évidemment ! Que... parce que tu pensais à quoi toi !? "

Clémentine avait l'air aussi choquée que son amie, n'imaginant pas un seul instant ce qui avait pu traverser l'esprit immaculé de Sylvia ! Mieux valait ne pas y penser. Après tout, seuls Clémentine et... le garçon en question savaient de quoi il retournait. Et c'était tant mieux d'ailleurs. A moins que la blondinette ne désire en savoir davantage !

Les lunettes rappelaient donc de mauvais souvenirs à Clémentine ? Oui, cela n'avait rien d'étonnant. Une petite fille qui portait des binocles se faisait systématiquement moquer d'elle à un moment ou un autre. Sylvia avait vécu ça lors de son entrée à Poudlard. Une blondinette aux cheveux bouclés et une paire de lunettes sur le nez. Il n'en fallait pas plus pour déclencher une avalanche de sobriquets tous aussi ridicules les uns que les autres. Sylvia en avait beaucoup souffert à l'époque. Elle se souvenait encore trop bien de ses minutes passées dans les toilettes des filles, à sangloter en silence grâce à un coup de baguette et un "Silencio" pointé en sa direction. Cette année là avait été très dure pour Sylvia. Elle qui avait toujours été considérée comme la petite fille parfaite de la maison, comme la princesse de ses parents et de toute sa parfaite famille... elle s'était retrouvée lâchée dans une école pleine d'élèves assoiffés de critiques et de moqueries pour quiconque était différent d'eux. Et différente, Sylvia l'était. Intelligente et sûre d'elle, il n'en fallait pas plus pour qu'elle devienne la cible des pires moqueries. ça... mais aussi sa mère tombant malade pendant les examens de première année, avait fait de Sylvia ce qu'elle était maintenant. Une fille hautaine qui se cachait derrière une carapace longuement étudiée pour ne plus souffrir. Et cela fonctionnait. Du moins, Sylvia voulait le croire.

"Nos mauvais souvenirs doivent devenir notre force si on veut progresser dans la vie", dit-elle d'un ton détaché.

Clémentine bredouilla quelques mots choisis au hasard dans son vocabulaire - du moins, ça en avait tout l'air - pour répondre à Sylvia. Oui, ils avaient passé la nuit à discuter. La blondinette en fut bien soulagée. Mais Clémentine ne sembla pas saisir ce que Sylvia avait redouté. Ou du moins avait-elle de ne pas vouloir le comprendre. Sylvia la regarda étonnée. Elle n'aurait jamais cru apprendre ça à Clémentine. Après tout, elle avait l'air d'un punk complètement folasse. Et forcément, dans l'esprit de Sylvia, Clémentine ne pouvait pas être qu'une petite fille bien sage.

"Fais pas l'enfant Clémentine. Je vois bien que t'es une excitée de la vie. Et avec un Serpentard, j'imagine bien vite ce que vous auriez pu faire !" s'exclama Sylvia. "Lancers de bombabouses, pièges divers et variés devant les salles communes... tout pour faire perdre des points à Serdaigle, quoi !"

Sylvia se tût. Elle ne savait toujours pas qui était ce Serpentard. Elle n'aimait pas jouer les curieuses, surtout sur ce terrain. Lorsqu'une fille faisait des confidences à une amie, d'après ce qu'elle avait pu observer dans le parc du château entre deux cours, l'autre fille se mettait à son tour à parler. Ce qui n'était clairement pas l'intention de Sylvia. Mais après tout, Clémentine le savait bien. Elle n'attendrait peut-être pas de confidences en retour ? Et puis, Sylvia savait très bien esquiver ce genre de choses.

"Alors, c'est qui ce Serpentard ?" demanda-t-elle d'un ton neutre afin de ne pas se montrer trop pressante. "Je le connais ? Je veux dire, pas seulement de nom", ajouta-t-elle rapidement. "Tu sais bien que je les connais tous sinon, les élèves de l'école..."

Clémentine aurait aimé pouvoir être plus apte à la conversation ce matin... Dommage pour elle, il allait lui falloir un bon moment avant de s'extirper totalement de sa léthargie. D'ailleurs, elle n'était même pas sûre d'être d'avantage réveillée tout à l'heure. Mais peut-être qu'un petit déjeuner réparateur pouvait jouer un rôle dans sa remise sur pieds. Pour le moment, la Serdette aux cheveux roses avait appuyé son coude sur la table, et avait posé sa tête dans le creux de sa main, tout en regardant son amie, les yeux à moitié fermés. Elle l'écouta lâcher une phrase qui l'interloqua quelque peu. Certes, Sylvia avait tout à fait raison...

Mais pourquoi lui disait-elle ça si ce n'était car, elle aussi, avait pu mettre cette remarque en application ? Clémentine s'en voulu un peu de ne pas connaître Sylvia aussi fortement qu'elle l'aurait voulue. Quoique Clémentine était une très grande curieuse et aurait aimé, dans ses rêves les plus fous, connaître la vie de chaque élève du château. Seulement voila, Sylvia était quelqu'un de très intéressant à connaître, car Clem était de plus en plus sûre que ses attraits de première de la classe assurée dans ses choix, dans ses paroles, n'était qu'une façade érigée devant une autre Sylvia, plus naturelle et plus fragile aussi. Mais comment exploser cette façade ? Ca, Clémentine aurait aimé le savoir...

" Oui c'est évident. Seulement ce n'est malheureusement pas aussi simple. Il faut faire preuve d'un paquet de courage, et moi j'en ai pas des masses... "

La jeune fille esquissa un sourire distrait, la joue écrasée dans la paume de sa main lui donnant un air comique plus que sérieux. Lorsque Sylvia enchaîna sur cette nuit passée avec le garçon, Clémentine se redressa et ne pu s'empêcher d'émettre un petit rire. Elle se frotta les yeux, comme le ferait un enfant fatigué, puis reporta son attention sur sa camarade. Cette dernière l'interrogea d'ailleurs, comme elle l'avait craint... et espéré à la fois ! Craint, parce que Clémentine se doutait de sa réaction quand à avouer que ce garçon n'était autre que Xela Auhesse. Et espéré parce que Clem avait bien envie de se confier à Sylvia, surtout sur ce plan là, sur lequel elle ne s'était jamais avancée à ses côtés. La jeune Serdette maîtrisa un peu plus ses paroles cette fois là, mais n'osa pas vraiment regarder Sylvia.

" Oh je n'avais pas dans l'idée de faire perdre des points à Serdaigle, je t'assure. D'ailleurs, je ne regrette rien, au contraire. "

La jeune fille inspira un instant avant de continuer:

" Oui ce Serpentard tu le connais. J'veux dire, tu le connais au delà de son prénom. Bon de toutes façons tu connais tout le monde ! Même la première fois qu'on s'est vues tu savais déjà comment je m'appelais ! Mais... enfin ça va te paraître bizarre de savoir de qui il s'agit... Ca va te décevoir aussi ! "

Clémentine esquissa une moue étrange, entre excuse et embarras. Elle allait laisser Sylvia deviner, peut-être qu'elle serait moins surprise de la sorte !... ou pas.

Un paquet de courage ? Oui, peut-être fallait-il en avoir pour surmonter les épreuves de la jeunesse que des gamins malintentionnés faisaient subir aux autres. Ou de la ruse, pour se forger une carapace bien épaisse et se cacher derrière. Mais la ruse était le subterfuge des Serpentards. C'était totalement indigne d'un Serdaigle... Peut-être méritait-elle ça, après tout ? De se savoir partagée entre deux chaises, d'en avoir honte, de ne pouvoir le dire, et d'en souffrir plus que de raison.

"Pour être dans le Risèd Squad, tu dois bien être un minimum courageuse", lâcha-t-elle finalement.

Oui, du courage. Sylvia en avait. Elle n'en doutait pas. D'ailleurs, Serdaigle n'était-elle pas connue pour être une maison de gens un minimum courageux ? Si, ce devait être le cas. Godric Gryffondor et Rowena Serdaigle, main dans la main. C'était ce que les légendes racontaient lorsqu'il s'agissait de la rupture entre les trois fondateurs... et l'autre, Salazar Serpentard. Sylvia chassa mentalement ses réflexions inutiles sur les quatre maisons. Cela ne servait à rien. Les choses étaient telles qu'elles l'étaient, et personne ne les changerait. Pas même Sylvia et ses grandes théories.

Clémentine assura n'avoir pas voulu faire perdre des points à Serdaigle. C'était déjà une bonne chose. Parce que Sylvia était certaine que le Serpentard se serait bien moqué de faire perdre des points à sa maison. Après tout, ils étaient actuellement dernier dans la course. Faire perdre des points supplémentaires ne devait plus être un problème pour eux. Lorsque Sylvia tenta de demander le nom du Serpentard en question, Clémentine sembla plus embrassée encore qu'après avoir avoué avoir passé la nuit avec un garçon. Sylvia fronça les sourcils. Elle savait que c'était un Serpentard, il n'y avait plus rien qui pouvait la... décevoir ?

"Pourquoi veux-tu que je sois déçue ?" demanda Sylvia.

La déception. Sylvia croyait ce sentiment réservait à la famille envers les agissements d'un enfant peut-être. Mais deux camarades de classe... c'était différent, non ? ... peut-être pas à vrai dire. Elles étaient... amies. Des amis pouvaient se décevoir, c'était certain.

Sylvia n'avait jamais imaginé la chose dans ce sens. Elle avait toujours craint de décevoir ses camarades s'ils en apprenaient trop sur elle. Sur tout ce qu'elle essayait de leur cacher. Mais dans le sens inverse, elle n'y avait jamais songé. Peut-être parce qu'elle ne pensait pas compter aux yeux des autres...

Clémentine esquissa un sourire, qui paraissait plutôt ému, aux mots de Sylvia. Effectivement, cette dernière venait de reconnaître que si Clem faisait partie du Risèd Squad, c'est bien qu'elle devait être un tantinet courageuse sur les bords. La Serdette aux cheveux roses fut reconnaissante de cette remarque qui la rassura un peu, sans trop savoir pourquoi d'ailleurs. Elle aurait voulu remercier son amie, mais qui sait comment Sylvia l'aurait pris ? Aussi, Clémentine fit l'impasse, non sans caser cette petite phrase aux abords fort simples dans un coin de sa tête. Elle se mis ensuite à réfléchir sur ce qu'elle pouvait, ou non, dire à son amie sans risquer quoi que ce soit.

Il fallait dire que Clémnentine vivait malgré elle dans une sorte de peur constante, d'appréhension indélébile qui lui gâchait parfois la vie. En cet instant, Clémentine avait peur de se confier entièrement à Sylvia. Pas qu'elle n'ait pas confiance en elle, bien au contraire. Mais après tout... rien n'était encore sûre, mieux valait se montrer prudent. Et puis, la Serdette aux cheveux roses se voulait curieuse elle aussi ! Elle tendait avant tout à soutirer de croustillantes infos à Sylvia ! Ou, plus sérieusement, que son amie lui parle d'elle quelque peu, quand bien même elle n'en avait peut-être ni l'envie ni la motivation. Clémentine s'adossa sur sa chaise et vint croiser ses bras d'un air un peu rêveur. Elle regarda Sylvia d'un air neutre et lâcha doucement:

" Je ne sais pas... Mais tu vois, je serais plus confiante de tout te raconter si... enfin, quand tout sera plus sûr. "

Clémentine s'embrouillait un peu. Elle se comprenait, mais doutait que Sylvia suive tout, même si elle se voulait très clairvoyante ! Aussi, la Serdette aux cheveux roses ajouta:

" J'veux dire par là que tu sauras tout une fois que ce semblant d'histoire se sera développé d'avantage ! Ne t'en fais pas, ta soif de curiosité sera vite apaisée ! "

La jeune fille tira la langue d'un air moqueur à son amie, sans être méchante le moins du monde. Elle leva un instant le nez, signe que la conversation allait maintenant se porter sur la blondinette plutôt que sur elle-même.

" En parlant de garçons, je remarque que tu ne m'en parles jamais toi. C'est pourtant humain, et même si ton amour des livres et de l’érudition est immense, je n'ose pas croire que tu ne te sois jamais intéressée à... quelqu'un de vivant. "

La jeune fille posait un pas méfiant sur un terrain qu'elle savait glissant. Après tout, si Sylvia voulait éviter le sujet, libre à elle. Mais Clémentine aussi avait envie d'en savoir un peu plus sur la vie sentimentale de sa camarade !

Pour la seconde fois de la matinée, Clémentine esquiva la question de Sylvia au sujet de l'identité du garçon. La Serdaigle aux cheveux roses bubble gum voulait attendre, d'après ce que Sylvia comprenait. Attendre que leur relation devienne officielle ? Pourtant, ils avaient passé la nuit à discuter...

(Peut-être qu'ils n'ont pas parlé de leurs sentiments...) pensa Sylvia. (ça expliquerait pourquoi il faut attendre. Peut-être doute-t-elle que ce soit réciproque ?)

Clémentine tira la langue à Sylvia d'une façon très enfantine. La blondinette leva les yeux au ciel : c'était du Clémentine Zinerth tout craché.

"J'espère que ton mystérieux Serpentard apprécie ton comportement puérile", lui répondit-elle avec un sourire amusé.

Lorsque Clémentine reprit la parole, ce fut pour questionner Sylvia. Aïe. Voilà le moment qu'elle redoutait. Mais que faire pour l'éviter ? Ne pas s'intéresser à son amie et mettre une distance entre elles deux ? Oui, c'était la seule solution. Sauf que Sylvia n'en avait pas envie. Après tout, Clémentine était sa seule véritable amie fille. Mettre de la distance entre elles et faire mine de ne pas s'intéresser à ce qui la rendait si joyeuse aurait été la meilleure façon de briser cette amitié...

Sylvia baissa les yeux. Une chose qui lui arrivait que très rarement. Elle ne savait quoi répondre. Carapace ? Pas carapace ? Que devait-elle faire dans cette situation ? Aucune de ses lectures ne lui avait jamais donné la réponse. S'il y avait bien une chose qu'elle ne pouvait qu'étudier superficiellement au travers des livres, c'était ça : les relations sociales.

"Que veux-tu que je te dise ?" demanda-t-elle d'un ton mélangeant sécheresse et embarras. "Tu sais bien que je ne suis pas vraiment tournée vers les confidences. Et puis, qu'est-ce que cela t'apporterait ?"

Répondre à une question par une autre question. Voilà bien une chose que Sylvia maitrisait. Une chose qui pouvait marcher dans bien des cas. Mais lorsque quelqu'un cherchait à en savoir plus sur soi, il était assez utopique de croire que cela ferait changer le sujet du tout au tout. Non, cela ne ferait que repousser le moment des confidences. Après tout, Sylvia devait s'y attendre. Depuis leur rencontre dans les sous-sols, elle sentait qu'elle ne faisait que ça : retarder une discussion entre filles pour laquelle elle aurait préférait n'être que spectatrice.

Clémentine ne pu s'empêcher de rire à la remarque de Sylvia, d'ailleurs faite pour ça plutôt que pour blesser. Là était toujours l'ambiguïté avec la blondinette... Il était toujours très difficile de trouver la subtile limite entre provocation et humour dans les paroles de Sylvia. Mais plus Clem-Clem la connaissait, plus elle arrivait à se repérer dans les différents paliers d’ironie et savait que beaucoup de phrases n'étaient pas à prendre au pied de la lettre. Bref, Clémentine s'amusa plutôt qu'elle ne s'énerva. De toutes façons, s'énerver face à Sylvia ne servait pas à grand chose, et la Serdette aux cheveux roses n'en avait pas la force ce matin. Aussi s'imaginait-elle tout à coup face à Xela, en train de faire des blagues moisies face à son expression glaciale habituelle... Et Clémentine s'aperçu que le "mystérieux Serpentard" n'était vraiment pas susceptible d'encaisser son humour à deux noises. Mais qu'à cela ne tienne, elle le découvrirai bien assez tôt.

" Bah en fait, je croise les doigts, on va dire ça ! De toutes manières, s'il ne l'apprécie pas, il n'est pas digne de mon attirance pour lui... "

Clémentine releva le nez, adoptant un air on ne peut plus prétentieux qui lui collait vraiment très mal. Puis elle reporta vite son attention sur Sylvia, attendant sa réponse avec impatiente, du moins, si réponse il y avait. Il fallait dire que Clémentine posait pour la première fois une question de ce type à sa camarade et redoutait un tantinet ce qu'elle pouvait entendre... ou ne pas entendre d'ailleurs, sachant qu'un silence serait très embarrassant pour les deux jeunes filles, plus qu'une colère de la part de Sylvia. La Serdette aux cheveux roses ne laissa rien paraître de son attente euphorique et écouta la réponse de son amie avec attention. Quoiqu'il ne s'agissait pas vraiment d'une réponse... Mais plutôt d'une habile esquive, le coup du "j'réponds par une question pour slalomer entre tes interrogations qui me dérangent". Clémentine acquiesça doucement la tête, ayant très bien saisi le message. Pourtant, il ne fallait pas abandonner de si bonne heure, ce ne serait pas drôle dans ce cas là... La Serdette aux cheveux roses pensa soudain à son ami Alex, et cette vision lui fit lâcher quelques mots d'un ton sérieux, presque grave. En tout cas très sincères.

" Ca m'apporterait beaucoup plus que ce que tu peux croire. "

La jeune fille regardait Sylvia en clignant doucement des yeux, n'ayant pas envie de l'entraîner dans une discussion indésirable, mais pourtant tiraillée par la curiosité et le désir d'en savoir plus. Complexe situation...

" Mais libre à toi de ne rien me dire, je ne veux pas te forcer la main. D'ailleurs je n'en ai absolument pas les moyens, ni même l'envie. J'aurais simplement aimé en savoir un peu plus sur ta vision des choses concernant... euh... les relations sociales. La gente masculine, plus particulièrement ! "

Le mystérieux Serpentard n'était pas au courant du caractère hautement puérile de Clémentine ? Cela paraissait improbable. À moins qu'il ne vive pas au château, ce qui n'était pas le cas, il ne pouvait que remarquer la boule d'excitation que la Serdaigle aux cheveux roses était. Après tout, elle faisait chaque matin sa ô combien si peu célèbre glissade de l'aigle bleu devant tous les élèves mal réveillés de Poudlard. Ha oui, c'était peut-être ça le truc : ils étaient à moitié endormis.

"Je ne vois pas comment quelqu'un de censé n'aurait pas remarqué ce qui te caractérise le plus", annonça-t-elle avec un sourire en coin. "Même un Serpentard ne pourrait pas s'y tromper", ajouta-t-elle avec un large sourire.

L'air prétentieux qu'avait pris Clémentine en déclarant que le garçon ne serait pas digne d'elle s'il n'appréciait pas ses enfantillages arracha un petit rire à Sylvia. Cette expression sur le visage de Clémentine était tout simplement grotesque. Il était encore préférable de la voir tirer la langue que d'essayer un instant d'être sérieuse. Même avec ses lunettes sur le bout du nez, ça ne lui allait pas au teint.

Clémentine assura à Sylvia qu'en savoir plus sur elle lui apporterait beaucoup. La blondinette fronça les sourcils un instant. C'était plus étrange comme formulation.

(Enfin, Clémentine est elle-même étrange alors...)

La Serdaigle enchaina. Elle ne cherchait pas à lui tirer les veracrasses du nez à tout prix. Il ne manquerait plus qu'ça ! De toute façon, elle pourrait essayer tant qu'elle le voudrait, elle aurait du mal à faire dire à Sylvia ce qu'elle préférait garder enfoui au plus profond d'elle. Sylvia avait bien plus de volonté que Clémentine. Du moins, elle en était persuadée. Raide sur sa chaise, Sylvia la laissa cependant parler, s'apprêtant à lui rabattre le caquet à la première question trop indiscrète qu'elle lui poserait.

Lorsque Clémentine lui annonça alors vouloir en savoir plus sur sa vision des relations filles / garçons, Sylvia sentit son corps se détendre subitement. Sylvia pouvait faire mine de se confier tout en gardant secret ce qu'elle voulait. Elle ne comptait pas mentir. Mais elle avait appris de quelqu'un très doué dans ce domaine, comment dire la vérité tout en en dévoilant le moins possible. À cette pensée, elle sentit son estomac se nouer. Reprenant sa respiration avant de parler, Sylvia répondit avec un sourire paisible sur le visage.

"Et bien je n'ai jamais ressenti ce que tu ressens pour ce Serpentard. Alors ma vision des relations avec les garçons n'est pas très poussée. Mais je n'ai pas un coeur de pierre pour autnat", ajouta-t-elle rapidement pour se défendre, "et il m'est arrivé une fois de me demander si j'aimais être avec un garçon, ou si je préférais qu'il aille au diable pour ne plus jamais le revoir."

Sylvia marqua une pause. Ce qu'elle disait lui paraissait étrange par rapport aux confidences de Clémentine. La Serdaigle aux cheveux roses bubble-gum était amoureuse, cela ne faisait pas l'ombre d'un doute. Elle aimait la présence de l'autre, puisqu'elle avait passé une nuit avec lui. Et Sylvia venait lui raconter quoi ? Qu'elle s'était demandée si ce n'était pas mieux d'envoyer tout balader plutôt que de respirer le même air que ce garçon ? Cela n'avait peut-être pas de sens pour quelqu'un d'extérieur... mais pour Sylvia, ça en avait. Un peu trop même.

La Serdette avait bien du mal à sortir de sa léthargie. Cette dernière lui collait à la peau et Clémentine se doutait que quelques cours de théorie seraient salutaires aujourd'hui pour assouvir sa soif de dodo de plus en plus enivrante. Bon, évidemment, Clem allait tenter d'être la plus discrète possible. Elle se souvint dans un sourire du sortilège astucieux inventé par le Serpentard de cette nuit, permettant de pioncer de façon "invisible" aux yeux des professeurs. Clémentine sourit comme une idiote à la simple pensée de ce si charismatique garçon avait qui elle avait... passé la nuit, fallait bien le dire ! Mais les paroles de Sylvia la firent revenir sur terre, comme toujours, cinglant la réalité sans méchanceté, mais avec assez d'honnêteté pour casser le petit rêve éveillé de Clémentine. Cela dit, elle en avait bien besoin, et remercia mentalement son amie de l'extirper quelque peu de ses égarements. La Serdette aux cheveux roses sourit aux paroles de sa camarade et haussa les épaules comme une vraie gamine, d'un air désolé, comme pour dire "c'pas ma faute, c'est comme ça" ! Clémentine ne pu s'empêcher d'ajouter d'un air amusé:

" Surtout les Serpentards je dirais ! Ils sont tellement psychorigides... Même toi tu es largement plus rayonnante ! "

Clem appuya un clin d'œil maladroit, tentant de prouver qu'il s'agissait bien là d'un compliment. Car oui, c'était un compliment ! Sylvia était véritablement rayonnante... à sa manière. Pas que sur le plan intellectuel (ça c'était trop évident) mais aussi au travers la notion d'honnêteté, de droiture, et de fidélité aussi. Clémentine ne se l'avouait pas vraiment, mais elle savait très bien que Sylvia était une personne de confiance. Tant que l'on enfreignait pas les règles, et que l'on ne la blessait pas. Quoique ça, c'était un peu le schéma que tout le monde respectait. La jeune Serdette aux cheveux roses se redressa doucement et se cala d'avantage sur sa chaise, s'apprêtant à entendre la réponse espérée de sa camarade. Non pas qu'elle s'attendait à de cuisantes révélations, mais tout détail était bon à prendre. Surtout pour Clémentine, attentive au moindre petit élément. La jeune fille serra un peu plus son peignoir, sentant un frisson de fatigue parcourir son corps de façon désagréable. Elle fronça les sourcils, tout en écoutant avec attention la "réponse" de sa camarade. Sylvia avait ce don d'être vague, incomparable. Le talent de voiler la vérité si parfaitement que cette dernière était parfois totalement invisible. Difficile à expliquer, mais Clémentine le sentait bien. Il fallait tenter de lire entre les lignes. Et la Serdette reformula avec ses propres mots.

* Bon... elle n'a jamais été amoureuse, mais se trouve quand même capable d'aimer. Ca c'est plutôt bon signe. En revanche, elle s'est déjà questionnée à propos d'un garçon. Ca, c'est intéressant. *

Clémentine releva doucement le nez, les yeux doux, la bouche en cœur, et lâcha doucement:

" Et alors ? Il est devenu quoi ce garçon ? Il flotte dans le Styx ou tu as choisi de le supporter ? "

[ HJ : Je me suis écroulée de rire en lisant ta dernière phrase. xD ]

Les Serpentards étaient psychorigides ? Quand Clémentine disait cela, pensait-elle à tous les Serpentards, le garçon qu'elle aimait y compris ? Sylvia n'était pas réellement en désaccord sur ce qualificatif pour la plupart des élèves de cette maison. Mais elle imaginait le Serpentard sur lequel Clémentine avait jeté son dévolu différemment. Un Serpentard, certes. Mais avec légèrement plus de fantaisie. Pour plaire à Clémentine, il en fallait sans doute un minimum. Et pour oser s'afficher avec elle au grand jour, encore plus.

"Merci pour ce compliment", dit-elle avec un sourire ironique. "Mais si ton Serpentard est psychorigide, comme tu le dis, tu crois qu'il osera déambuler dans les couloirs avec une petite amie aux cheveux rose bubble gum ?" demanda-t-elle en levant un sourcil interrogateur.

Plus rayonnante qu'un psychorigide de Serpentard ? Sylvia Stender avait connu de meilleurs compliments. Comme "talentueuse sorcière" ou "élève brillante". Au moins, Sylvia était "mieux" qu'une Serpentard. Du moins, c'est ce dont elle s'était convaincue au travers du pseudo-compliment de Clémentine.

Lorsque Clémentine lui demanda si ce fameux garçon avait finalement été envoyé chez Hadès ou si elle avait décidé de le supporter encore un peu, Sylvia ne réprima un rire, plus ironique que joyeux.

"Ni l'un ni l'autre, je n'ai pas eu à me décider", répondit-elle d'un ton neutre. "Poudlard a rouvert, et il n'est jamais revenu. Il a décidé de quitter le bateau avant qu'il ne coule. Faut croire que la salle du Risèd a faire fuir les plus couards d'entre nous... fin de l'histoire", conclut-elle avec un sourire de façade.

Sylvia se rendit alors compte qu'elle avait lâché une information qu'elle se serait bien gardé de divulguer. Poudlard. Nul doute que Clémentine en déduise qu'il était élève à l'école. N'importe quel crétin aurait pu faire le lien. Cela dit, il fallait bien qu'elle l'ait rencontré quelque part, ce garçon. Finalement, Sylvia décida que ce détail n'avait pas d'importance, et elle se laissa aller contre son dossier, plus détendue. Clémentine avait eu des confidences. Sylvia venait de lui raconter des choses qu'elle n'avait jamais dit à personne. Si la Serdaigle aux cheveux roses s'en rendait compte, elle pourrait s'estimer heureuse d'avoir pu lui soutirer autant de choses personnelles.

"Tu comptes vraiment aller en cours dans cet état-là ?" demanda-t-elle avec une pointe d'autorité dans la voix. "Tu sais que je suis franche. Et là Clémentine, tu es vraiment dans un état déplorable. Je dirais même que tu fais pitié à voir", ajouta-t-elle en la toisant du regard.

[ HJ: Poudlard s'inspire de la mythologie, alors moi aussi xP Et puis on est des Serdaigles hein ! La culture est fondamentale pour nous ! ^^ ]

Clémentine fut assez embarrassée suite à la question pourtant inoffensive de Sylvia. Inoffensive dans le sens où la Serdette n'avait pas cherché à blesser Clémentine, du moins cette dernière ne l'espérait pas. Pourtant, sans le savoir certainement, la blondinette venait de remettre sur le tapis un problème que Clémentine avait déjà tenté d'ignorer plusieurs fois. C'est vrai que tout pouvait s'enchaîner très vite... Si la Serdette continuait de voir son Serpentard, tout deux allaient finir par se fréquenter "à la lumière de jour", en cours, le midi, le soir, durant les activités intra-scolaire etc... Comme disaient certains de ses camarades, Clem finirait peut-être par "s'afficher" avec X ! Et là se trouvait un os. X allait-il seulement accepter de se montrer aux côtés de la Serdette aux roses cheveux ? Celle-ci masqua son trouble derrière un rire désaccordé. Pas la peine de cacher plus longtemps sa réelle inquiétude, elle n'y parvenait pas. Clémentine porta un regard tristouille à sa camarade et lâcha en tordant sa bouche d'un air incertain.

" Bah... En fait ça me fait un peu peur ça. On dit que l'amour rend aveugle, j'veux bien. Mais d'abord je ne suis pas sûre de ses sentiments et puis après... "

La jeune fille s'arrêta un instant tout en fronçant les sourcils. Lorsqu'elle reprit la parole, Clem se pencha légèrement vers Sylvia et l'interrogea en ouvrant sa main d'un air sérieux.

" Sylvia. Admettons que tu tombes très amoureuse d'un gothique aux cheveux verts et des piercings plein les oreilles... Aurais-tu la moindre gène quand à réviser tes cours d'Histoire de la Magie avec lui à la bibliothèque ? "

Cette question pouvait prêter à rire, bien sûr. Pourtant Clémentine était on ne peut plus sérieuse ! Elle se doutait que Sylvia allait réagir d'un air narquois en lâchant un probable "Moi ? Amoureuse d'un gothique ? Autant marier Dumby avec Bellatrix Lestrange !" Mais elle conservait l'infime espoir que sa camarade lui apporte son aide et par conséquent, un avis sincère et sérieux. La Serdette aux cheveux rose s'adossa de nouveau calmement et écouta à son tour Sylvia. Elle n'avait visiblement pas envie d'approfondir sa réponse, et Clémentine le comprit très bien. D'ailleurs, elle hocha la tête d'un air entendu. Si sa camarade avait un jour l'envie de s'ouvrir à elle, Clem serait là. Mais elle n'avait pas le droit ni même l'envie de faire du forcing pour violer le passé, l'histoire, ou même les sentiments de son amie. Ca, jamais. Clémentine jeta un coup d'œil en direction des marches découlant du dortoir des filles. Deux camarades Serdouch’ descendirent en se frottant distraitement les yeux, venant visiblement de sortir de leur sommeil. Clémentine leur adressa un léger signe de la main puis zieuta l'horloge de la Salle Commune, aux couleurs de la maison Serdaigle. Elle fit un bond sur sa chaise. Elle qui aimait de plus en plus prendre le temps de se préparer allait vraiment devoir faire fissa maintenant ! Clem grinça des dents d'un air paniqué et ne pu que confirmer les remarques de Sylvia. D'ailleurs, elle ne chercha pas à se défendre, bien au contraire.

" Ouïlle, j'avais pas vu l'heure ! Tu as toutaffé raison, j'peux pas aller en cours comme ça... Va falloir que je fasse un décrassage total et que j'me secoue un peu ! "

La jeune fille se releva de sa chaise et pris ses lunettes dans sa main. Elle adressa un fin sourire à son amie et attendit la réaction de celle-ci paisiblement, pas pressée de la quitter, et encore moins de quitter le confort de la Salle Commune.

[ HJ : Ce n'est pas Sylvia qui dirait le contraire. xD ]

Sylvia avait le don de pointer quelques vérités qui n'étaient pas toujours bonnes à faire éclater en plein jour. Sylvia n'était pas d'accord là-dessus. Toute vérité était bonne à dire. Il y avait déjà assez d'hypocrisie à Poudlard. Chose qu'elle n'appréciait absolument pas d'ailleurs. Cependant, Sylvia était loin de s'imaginer que Clémentine se sente mal à l'aise après sa remarque. Apparemment, la Serdaigle aux cheveux roses avait déjà songé à ce petit détail. Et ses conclusions ne semblaient pas des plus réjouissantes. Clémentine lui demanda alors, de la façon la plus sérieuse du monde, si Sylvia oserait s'afficher avec un gothique aux cheveux verts dont elle serait tombée amoureuse. Après avoir laissé échapper un petit rire moqueur, elle se reprit afin de répondre avec plus de sérieux. Et en toute sincérité, comme elle le faisait toujours.

"Clémentine, tu crois vraiment que je tomberais amoureuse d'un tel personnage ? Je veux dire, je me moque bien de l'apparence des gens. Je m'affiche avec toi, et pourtant, tu arbores une horrible crinière rose", dit-elle avec un clin d'oeil complice. "Mais il me semble qu'une personne qui a délibérément choisi de se teindre les cheveux en verts et de porter des piercings serait légèrement trop rebelle pour moi. Enfin, je suppose..." ajouta-t-elle songeuse.

Après tout, on pouvait aimer les piercings et les cheveux verts sans avoir un esprit de rébellion démesurée. Bien que Sylvia n'ait absolument aucun exemple en tête.

"Si ton Serpentard ne veut pas être vu avec toi, alors il ne te mérite pas. C'est pas plus compliqué. On est comme on est. On nous accepte ou on passe sa route", conclut-elle, tranchante.

Clémentine hocha la tête lorsque Sylvia lui donna des détails on-ne-peut-plus-vague sur le garçon de Poudlard. Et elle lui en fut reconnaissante. Clémentine n'avait pas l'intention de lui en demander plus. Sylvia pourrait à loisir garder cette histoire dans un coin de sa tête, tant que le temps ne l'aurait pas effacé de sa mémoire.

Deux Serdaigles descendirent par les escaliers menant aux dortoirs. Clémentine leur adressa un signe de la main. Sylvia, fidèle à elle-même, se contenta de regarder de qui il s'agissait et de leur adresser un sourire poli mais distant. Sa remarque concernant la mine de Clémentine eut un effet presque énergisant sur la Serdaigle aux cheveux roses. Un sourire satisfait sur le visage, Sylvia lui conseilla de se dépêcher.

"Je vais descendre déjeuner. Moi, je suis déjà prête. Mais toi, tu ferais bien de te dépêcher un peu si tu ne veux pas arriver en cours le ventre vide."

Sylvia se leva, attrapa son sac déjà prêt. Se dirigea vers la porte de la salle commune, elle ajouta :

"On se voit plus tard. Et la prochaine fois, je veux connaitre son identité."

Redressant ses lunettes sur son nez, Sylvia tourna les talons en direction de la sortie. Clémentine allait devoir bien vite se réhabituer à ses lentilles. Qui sait, un elfe de maison pourrait les embarquer, un beau matin ?