" Allez, vas-y ! "
" Tu vas me manquer. "
" Heureusement ! "
" Je t'enverrais des lettres, avec Fusain. "
" Y'a intérêt ! Et des bonbons, de Honeydukes, aussi. "
" Tu diras au revoir à Damien pour moi ? Et à Melissa ? "
" Mais oui ... "
" J'ai pas envie de partir. "
" Menteuse. Depuis que Poudlard a fermé, tu ne rêves que d'une chose : y retourner ! Alors vas-y, et avec le sourire ! Tu devrais être heureuse, non ? "
" Non, parce que tu ne viens pas. "
" Mais tu sais très bien que ce n'est pas possible ... Alors vas-y, et éclate-toi pour deux ! Puis quand tu reviendras, tu me feras rêver en me racontant toutes tes aventures, d'acc' ? "
" Mouais ... "
" Allez ... Rentre dans cette cheminée, Lyl', Poudlard t'attends. "
" Prends soin de toi. "
" Promis. Et toi, fais gaffe, avec cette folle qui rode dans Poudlard, hein. "
" Juré. Tu vas me manquer 'Ween. "
" Toi aussi tu vas me manquer, Lyl' ... "

Après un dernier regard tendre, nostalgique et complice avec ma jumelle, je reculais de quelques pas et j'entrais dans la cheminée. Je pris une poignée de Poudre de Cheminette, puis, fixant mon regard sur ma jumelle qui m'adressa un clin d’œil encourageant, je lâchais la poudre verte dans l'âtre de la cheminée, et je prononçais distinctement "Les Trois Balais" - mon père était un ami de Mrs Rosemerta, et elle avait accepté de nous prêter sa cheminée, pour que je me rendre à Pré-au-Lard. Je me sentis alors aspirée dans un étroit conduit, et j'en ressortis quelques secondes plus tard, toussotant. J'avais avalé de la suie ... Quand mon père arriva quelques secondes après, et qu'il me troua là, en train de m'étouffer, il ne put s'empêcher de rire. Je lui adressais un regard noir, et, sans s'en préoccuper, il me fit remarquer que depuis que j'étais petite, il m'avait toujours appris à fermer la bouche durant un voyage en cheminée. Je le fusillais de nouveau du regard, mais je ne répondis pas. La boule qui s'était formée au creux de mon ventre ce matin, à mon réveil, provoqué par ma séparation d'avec ma sœur, mais aussi par mon retour à Poudlard ; m'empêchait de rétorquer. Je me contentais de me renfrogner, et de sortir de la chambre des Trois Balais dans laquelle nous étions arrivés, sans un autre regard pour mon paternel.

J'arrivais donc dans la pièce principale du Bar, et Mrs Rosemerta vint vers moi un large sourire aux lèvres. Je la connaissais un peu, mais elle m'avait vu alors que j'étais toute petite, étant une amie de mon père. Je lui fis un sourire, et je la saluais. Mon père arriva alors, et elle nous servit une BierreauBeurre à chacun, tandis que papa et elle discutaient. Je me retins de faire remarquer à mon père qu'on allait être en retard, et je me contentais de siroter ma BierreauBeurre, la boule au ventre. Heureusement, leur conversation ne dura que quelques minutes, mon père se rendant compte de l'heure qu'il était. Il m'attrapa par le bras, empoigna ma valise, et nous courûmes jusqu'au lieu où j'avais rendez-vous avec une calèche qui me mènerait à Poudlard. Elle était bien là, tirée par un animal invisible ... Mon père, qui avait vu mourir sa propre mère, m'avait un jour expliqué que c'était des Sombrals, des animaux qui n'apparaissaient qu'à ceux qui avaient vu la mort. Je frissonnais. Leur présence m'avait toujours fait un peu peur, et le fait que je ne les voyais pas les rendait inquiétants.

" Prends soin de toi, Lyla. "
" T'inquiètes pas, Papa. Embrasse Maman pour moi. "
" Elle était désolée de ne pas pouvoir se libérer, tu sais, mais son travail ... "
" Je sais, c'est pas grave. A bientôt ! "
" Au revoir, ma chérie. "

Je le laissais me serrer dans ses bras, et je déposais un baiser sur sa joue, puis je montais dans la calèche, qui démarra aussitôt. J'adressais un dernier regard à mon père, qui me fit signe, de la main, et m'envoya un baiser, puis je le vis peu à peu disparaître, au loin, jusqu'à ce qu'un buisson me le dissimule. Je fixais alors mon regard sur la route, légèrement inquiète. Oh, non, je n'avais pas peur de retrouver Poudlard. J'avais rêvé de ça pendant si longtemps ! Mais l'absence de ma jumelle me rendait morose, et également, j'avais un peu peur de la réaction des autres élèves ... Cela faisait tout de même deux ans que j'étais partie, ce n'était pas rien !

Mais soudain, j'aperçus Poudlard. Poudlard, qui se dressait, grand et beau, majestueux, là, devant moi, illuminé par le soleil de cette fin d'après-midi. Un léger sourire se dessina alors sur mes lèvres. Poudlard ... J'en avais tant et tant rêvé ... La calèche s'arrêta alors, et un elfe apparut. Il bredouilla quelques paroles, et je lui souris avec gentillesse. Il récupéra alors ma valise, et disparut comme il était venu. Je sautais de la calèche, et je vis le concierge venir vers moi. Je grimaçais : j'aurais préféré que ce soit quelqu'un d'autre qui vienne me chercher, mais bon ... Sans un mot, il me fit signe de le suivre, et je traversais donc le parc en sa compagnie.

Au fur et à mesure que j'avançais, je me rappelais des moments, souvent bons, parfois mauvais, que j'avais passé ici. Je me rappelais de cet arbre, au pied duquel on s'était installé pour faire nos devoirs. Et de ce buisson, dans lequel on s'était caché pour espionner un quatrième année ! Et là, où Mary et moi nous étions disputées ! Ou encore là, ou là ... Des souvenirs, toujours des souvenirs. Et toujours, il y avait Mary ... Sauf que Mary ne reviendra pas. Mary est partie à Beaubâtons, et plus jamais nous ne nous amuserions ensembles dans le parc de Poudlard ... Je soupirais. Si je me montrais ainsi mélancolique, ce n'était pas gagné !

Mes pensées furent chassées de mon esprit quand nous arrivâmes devant les portes de Poudlard. Je levais la tête pour admirer ce château. Mon école, ma seconde maison, Poudlard. Un sourire heureux se dessina sur mes lèvres tandis que le concierge ouvrait les portes du château. Il se retourna vers moi, me grommela quelques mots - je compris qu'il me disait que je connaissais le chemin, donc je n'avais plus besoin de lui - puis il disparut. J'inspirais grandement, mes doigts frôlèrent mon écusson de Gryffondor, épinglé sur ma poitrine, je passais la main dans mes cheveux bleus ... Puis j'entrais dans le hall rempli d'élèves, et aussitôt, une foule de regards se fixa sur moi. Je rougis légèrement, mais je ne baissais pas les yeux.

La journée de cours de Mia Sider prenait fin. Elle n'était qu'en troisième année et s'en était tenu au minimum syndical, c'est à dire : une seule option. Son projet professionnel - si l'on pouvait nommé cela ainsi - était bien trop singulier pour que les cours de l'école lui servent à quelque chose. Autant avoir du temps libre. Le temps libre, ça, c'était toujours utile.

La plupart des élèves le passait à rire et s'amuser, socialiser, bref, à vivre leur vie d'adolescents. Ce qui finalement n'était pas si étrange quand on y pensait. Mais pour Mia, c'était déjà terminé. Et depuis longtemps. Bien qu'elle ne soit actuellement qu'en troisième année, elle avait compris depuis trop d'années ce qu'était la vie : un tissu d'hypocrisie. Elle avait tout d'abord cru que la faute venait d'elle ; qu'elle avait du mal à supporter ces faux semblants et qu'elle aurait du se forcer à les accepter. Elle pensait mal. La faute venait des autres. Se faire des amis était une vaste plaisanterie. Un simple assemblage de quelques lettres, vide de sens. Et Mia le vivait bien. Cela faisait trois ans que Mia était entrée chez les Poufsouffles. Trois ans qu'elle se sentait plus vivante que jamais.

Mia remarqua une jeune fille à la tignasse bleue. Originale. Poudlard comptait donc désormais une Serdaigle aux cheveux colorimétriquement capricieux et une autre pour qui le bleu devait être une couleur de prédilection. Ou quelque chose comme ça. Mais Mia s'en fichait pas mal. Ce qu'elle remarqua surtout, c'était le retour de cette fille. Elle aurait bien été incapable de dire son nom, mais elle savait qu'elle n'était pas nouvelle. Toutes les deux étaient de la même année. Et son retour en cours d'année ne pouvait signifier qu'une chose : ses parents n'avaient pas tout de suite voulu la renvoyer à Poudlard après la fermeture.

(Pas étonnant) pensa Mia.

La jeune Poufsouffle décida de se faufiler vers la jeune fille. Après tout, elle devait se mêler à la foule des élèves. Alors pourquoi ne pas commencer avec une Gryffondor qui revenait tout juste de chez elle ? Elle avait sans doute de nombreuses choses à apprendre sur les récents évènements à Poudlard. Il était presque certain que le loup garou en fuite dans les couloirs ou la mort de la directrice de Serpentard n'avait pas atteint les oreilles de ses parents.

"Hey, salut !" dit-elle timidement. "Désolée de te déranger mais... il me semble que tu reviens tout juste à Poudlard... je me trompe ?

Le teint très pâle de Mia, encadré par des cheveux d'un noir prononcé, fut rapidement rehaussé par deux rougeurs au niveau des joues, en signe de timidité.