Il était près de dix-huit heures, quand Seth monta les marches quatre à quatre, au sens propre du terme, en toute hâte, de la tour Ouest.
Il poussa la porte de la volière, et devant ses grands yeux émerveillés, se découvraient des hiboux et chouettes en tout genre, grands ou petits, noirs ou blancs. Il n'avait pas la joie d'en avoir un, il y avait fréquemment pensé, mais il a déjà son rat. Il sait qu'ils ne feraient pas bon ménage.

Seth s’assit sur le rebord d'une fenêtre, d'où se déployait tout le parc de Poudlard sous son regard ébahi.
Il tripotait ses cheveux, fouillait dans ses poches avec nervosité, et ressorti quelques dragées qu'il ingurgita avec un grand sourire.

Il leva la tête vers le ciel parsemé de nuages très fins, presque translucides, et lâcha un long soupir.
Il s'ennuyait un peu, depuis son entrée à Poudlard. Il ne s'était jamais vraiment fait d'amis. Il parle très peu, mais il a envie de partager des jeux ou des moments avec un ami, ou même une connaissance. Seth ne s'était pas encore amusé comme il le souhaitait et l’espérait.

" - Je veux au moins parler avec quelqu'un... "

Il n'avait pas encore eu de vraie conversation.
La tour était déserte, il doute que quelqu'un puisse se rendre ici. Il sorti alors un petit livret de sa poche, et commença à le feuilleter. Le temps passait lentement, il s'ennuyait, et pourtant il était d'humeur farceuse et amusée.

Il crayonnait avec attention sur une des pages jaunies du carnet, avec un perpétuel sourire aux lèvres.
La plume grattait le papier; il faisait glisser la "barbe" de la plume le long de sa joue, et reprenait son dessin.
Il était plongé dans ses croquis; les hululements des oiseaux et le vent frais qui s'engouffrait dans la pièce l'apaisaient.

Un gargouillement assez sonore retenti du ventre de Seth. Ce dernier frotta son estomac, et sorti de sa poche quelques Patacitrouilles qu'il mâchonna avec vigueur et enthousiasme.
Il avait beaucoup de choses dans ses poches, je vous l'accorde : des Chocogrenouilles, des dragées surprises de B.C, son calepin, son rat qui était resté dans la salle commune cette soirée là, et une peluche en forme de lapin violet.

Il soupira encore une fois, en pensant qu'il aurait pu partager ses friandises avec quelqu'un. Mais il n'y avait personne...

C'était la fin de l'après-midi et Abigail n'avait plus le cœur à étudier. Les élèves allaient de plus en plus dans la bibliothèque aujourd'hui, c'étaient-ils passé le mot ?
Elle cherchait un endroit tranquille où se poser sans qu'on la dérange. Elle avait décidé d'aller à la Tour Ouest, celle-ci n'était pas vraiment fréquentée des élèves et donc elle pourra rêvasser en toute tranquillité. Elle poussa la porte de la volière, et découvrit un jeune garçon avec des cheveux mi-longs blonds qu'il tripotait sur le rebord de la fenêtre, il avait des yeux qui pétillaient, tout le contraire d'Abigail qui elle, on ne pouvait voir dans ses yeux de la tristesse ou de la colère.

Elle marcha en passant à côté du garçon et elle vit qu'il était en train de gribouiller sur un petit livret. Elle regarda ses coups de crayons, ils n'étaient pas tous très habiles, mais on pouvait voir ce que cela représentait. Abigail ne s'était pas rendu compte qu'elle restait planté devant le garçonnet ,toujours en train de dessiner. Heureusement l'élève n'avait pas dus la voir, elle se dirigea donc vers une autre fenêtre pour s'y assoir sur le bord et commença à contempler le coucher de soleil, quelques nuages fins recouvraient le ciel mais rien de très sérieux. Elle cru s'endormir un instant quand elle entendit un gargouillement, elle posa ses yeux devant le jeune garçon, il avait sorti de sa poche des Patacitrouilles.

"- J'ai faim... "

Elle l'avait dit un peu fort et pourtant, le garçon n'as pas du l'entendre, il n'avait pas levé la tête. Une envie lui venait d'un coup, elle avait besoin de quelqu'un à qui parlé, il y avait ce petit mais, bien trop froide comme elle est, elle va de suite lui faire peur, ce qu'elle ne voulait pas.

Elle commença à partir de la Tour, pour rentré à la salle commune. Les mains dans les poches elle marchait en direction de la porte, elle ne voulait plus voir ce gamin, si seul... Il lui rappelait trop... elle-même.

Seth avait les mains moites à force de tenir fermement sa plume appuyée contre la feuille de papier de son carnet, ces si petites mains, semblables à celles d'un enfant. Dans l'autre se tenait encore quelques Patacitrouilles qu'il mâchonnait avec bonheur, qui le rassasiait et estompait sa faim qui s'était fait entendre.

Il eut un petit tressautement quand il entendit la porte grincer. Il détourna vivement le regard, et dans ses grands yeux se reflétaient une jeune fille, qui devait être plus âgée que lui.

Elle avait l'air renfrogné, maussade, les mains dans les poches. Sur son pull, le petit écusson jaune brillait à la lumière du coucher de soleil.
Seth entrouvrit la bouche, l'air surpris de ne pas avoir remarqué la demoiselle plus tôt dans la salle commune où se réunissent souvent tous les Poufsouffle le soir.
Il pensa que ça devait être une isolée, et qu'elle partait car la salle était déjà occupée, bien que dans l'esprit de Seth, il y avait largement de place pour deux.

Elle était en train de s'en aller, et un pincement au cœur se fit ressentir dans la poitrine du garçon. Bien qu'il aime la compagnie et se faire des amis, il ne parle pas beaucoup. Aussi, il ne savait pas comment faire pour la retenir, il voulait quelqu'un avec lui, et la voila, qui était arrivée sournoisement, sans qu'il s'en apercoive. Aussi était il trop plongé dans ses dessins.

Soudain, les cordes vocales de Seth se mirent à vibrer sans qu'il s'en rende vraiment compte, pour aligner quelques mots, qui formaient une phrase. Dénuée de sens par ailleurs.

" - Si tu donnes à manger des Patacitrouilles aux hiboux, tu croient qu'ils se transforment en gros lapin ? " demanda-t-il sur un ton serieux et innocent.

Il avait une voix fluette, une voix d'enfant, innocente et joyeuse, pleine d'amusement.
Il leva les yeux en direction des oiseaux, et ria d'une voix claire. Il espérait de tout son coeur que la jeune fille allait répondre, ou même seulement s'arrêter et détourner le regard sur lui...

La voix du jeune homme résonnait dans la pièce et surtout dans les oreilles de la jeune fille. Une phrase complètement idiote, mais pourtant qui lui était adressé. Chose qui n'est arrivé pratiquement jamais depuis le début de sa scolarité à Poudlard.
Elle s'était arrêtée juste devant la porte, pour lui répondre:

"- Je ne pense pas, ça ne les rendrait que malades."

Elle avait dis ça si sérieusement, qu'un malaise s'était installé dans la pièce. Elle se retourna et fit un très très gros effort. Elle lui souria. Elle ne ferai pas ça tout le temps, à tout le monde qui lui adresse la parole, d'habitude elle est froide et sans scrupule. Mais là, ce garçon, elle ne peut décrire ce que c'est, mais il a l'air si vulnérable qu'elle ne voudrait vraiment pas le rabaisser.
Ses mains dans ses poches sortirent pour venir se croiser en dessous de sa poitrine qui commençait à naître. Elle fixa les yeux du garçon, si pétillants, qu'elle en était déstabilisée.
Abigail n'était pas très douée pour parler avec les autres, restant toujours seule, c'est pour cela qu'elle ne savait absolument pas quoi dire. A par ceci:

"- Tu viens de Poufsouffle ? Je crois que je t'ai déjà vu essayé de parler à quelques un des élèves dans la salle commune. "

Après avoir dis ça, elle se sentait honteuse de lui avoir rappelé peut être quelque chose de gênant, savoir que quelqu'un qui essaye de parler à une personne sans pour autant avoir quelque chose en retour, pouvait être gênant pour certaines personnes...

Voyant la jeune fille stoppée dans l'encadrement de la porte, Seth eut une petite lueur d'espoir dans les yeux; le coin de sa bouche tressaillit.
Il remit le carnet dans sa grande poche, quand la jeune fille répondait d'un ton sec et froid que sa théorie de gros lapin tout mignon ne tenait pas debout, ce qui lui fit un coup au cœur.

Seth n'en a pas l'air, mais il se laisse difficilement marcher sur les pieds. Quand quelqu'un le cherche, il se transforme et il est incontrôlable. Il peut devenir ignoble et froid, avec une voix aussi glaciale et tranchante qu'un stalactite, bien différente de celle du petit garçon aux allures d'enfant adorable.

Sur le moment, il avait ressenti de la tristesse et de l'énervement monter en lui, mais il sut se retenir à l'égard de la demoiselle, qui était si désagréable avec lui.
Mais il tressaillit quand elle se retourna et lui offrit un sourire... Un sourire, pour lui, juste pour lui et uniquement pour lui, un geste chaleureux envers lui, le premier depuis son entrée à l'école.
Il sourit à son tour, bouche ouverte à l'allure rigolarde.

La voix de la Poufsouffle retenti encore une fois dans la pièce, concernant Seth et ses "discussions" avec d'autres élèves.
Mais il avait encore envie de rigoler, pour détendre un peu l’atmosphère.

" - Non, je suis un moldu espion sous couverture afin d'espionner les techniques des sorciers ! Alors oui , je leur parle pour découvrir vos secrets ! " dit-il très déterminé et serieux.

Il sauta sur ses deux pieds, et alla caresser une chouette qui s'était posée non loin de là.
Il avait le sourire aux lèvres, il était heureux de sa rencontre, bien que la jeune fille mette une drôle d'ambiance. Il ne ressentait jamais le malaise, alors il n'en avait que faire. Seth avait trouvé quelqu'un avec qui parler, et surtout à qui raconter des histoires ridicules à propos de lapins et créatures mignonnes en tout genre.

Sur le coup la jeune fille vit sa honte s'envoler pour placer à ce qu'on pourrai appeler... du soulagement. Oui elle ne voulait absolument pas le blesser.
La phrase du garçon la laissa un peu perplexe... l'espionner ? Que racontait-il comme ânerie. Voyant qu'il se dirigeait vers une chouette pour la caresser, toujours le sourire aux lèvres, Abigail lui demanda:

" - Tu n'as pas mal aux joues à force de sourire ? J'ai jamais vu quelqu'un sourire autant avant toi. "

Abigail commença à ressentir une étrange chaleur qui lui chatouillait au cœur. Etait-ce ce jeune Poufsouffle qui lui faisait cela grâce à son sourire ? Puis une question lui vint à l'esprit, elle ne lui avait pas encore demander son nom.. Quoique après quelques secondes, elle se dit qu'elle ne le reverra surement peut être pas. Et même si peut être elle n'allait plus jamais lui reparler, elle se souviendra toujours de cette longue discussion. Oui elle n'avait jamais eu une si longue discussion depuis 8 ans, 8 années, qui sont passés si lentement.
A cette pensée, Abigail commençait à se souvenir de sa vie d'avant, celle passé avant qu'elle ne vienne ici, dans cette école.

Son moral redescendait, le souvenir de sa sœur l'attrista et elle ne voulait pas que le garçon la voit comme ceci. Elle décida donc de s'en aller, le laissant seul dans cette salle remplie de chouettes et de hiboux. Elle remit ses mains dans ses poches, et avança la tête baissée, pour empêcher qu'on ne voit ses yeux brillants de larmes, qui allaient d'une seconde à l'autre, tombées.

La lumière rouge du soleil qui était sur le point de disparaitre à l'horizon entrait dans la pièce par la fenêtre centrale et inondait les murs d'une couleur orangée.
La jeune fille était toujours là, debout, les bras croisés. Elle n'avait pas bougé, mais Seth sentait son visage changer. Il tourna la tête et lui sourit. Il sentit ses joues chauffer légèrement.

La jeune fille s'étonnait de la fréquence de ses sourires.

" - Non, je souris tout le temps. C'est pour ne pas éveiller les soupçons de ma vraie identité. Si on découvrait que je suis un espion, je serais fichu. " dit-il sur un ton toujours aussi serieux.

Il eut un petit regard sournois, et fixa de ses grands yeux bleus ceux de la jeune fille qui avait l'air de commencer à se détendre, mais qui restait un peu crispée.
Seth s'approcha d'elle en sautillant, lui pris la main et la lui ouvrit pour poser sur sa paume quelques unes de ses Patacitrouilles.

" - C'est pour toi, ou pour les hiboux si tu veux ! " dit-il en lui adressant un énorme sourire, surplombé d'yeux pleins d'étoiles.

Il se détourna et se rapprocha de la fenêtre où la lumière s'assombrissait peu à peu pour devenir ocre.
Le paysage était plongé dans une semi obscurité, un bout de soleil dépassait d'une plaine, au loin; le lac reflétait la lumière et les mouvements de l'eau donnaient de la vie à la scène.
Les arbres murmuraient avec le vent, une petite brise soufflait, et ébouriffait la tignasse blonde claire du garçon. Même le Saul Cogneur était calme.

Cette discussion, aussi absurde soit-elle, avec la Poufsouffle avait redonné de l'espoir et de la joie à Seth, qui désespérait de ne trouver personne à qui parler. Quel soulagement pour lui. Il sorti la peluche (oui, un lapin) violette qui dépassait de sa poche, et il la serra contre lui.
Il adressa encore un sourire à la jeune fille, tout content de sa rencontre.

Abigail, la main pleine de Patacitrouille, la tête baissée, commença réellement à pleurer. Elle essuya ses yeux un geste vif pour ensuite regarder le Poufsouffle au bord de la fenêtre qui contemplait le paysage orange.
La jeune fille avait décidé de rester, elle souffla un "Merci" à peine audible, que peut être le jeune garçon n'avait pas entendu. Elle se dirigea à son tour à côté de lui, bien décidé cette fois ci de lui demander son prénom, elle voulait lui reparler...

" - Eh, petit. C'est quoi ton nom ? "

Elle avait peur qu'il ne lui répondait pas. Ou si simplement il n'en avait rien à faire d'elle et qu'il lui avait donné ces Patacitrouilles juste parce qu'il n'en voulait plus. Pleins de questions les plus parano les unes que les autres lui venait en tête. Abigail regardait son voisin, il avait les yeux perdus dans le ciel, toujours le sourire aux lèvres, il avait l'air.. heureux.

Elle mangea une de ces sucreries puis elle tendit la main vers lui pour lui en proposer, toujours les yeux dans ce large océan qui devenait au fil des minutes plus sombre.

19 heures sonna, il était temps de rentrer à la salle commune et pourtant elle voulait rester, rendre ce moment éternel, avoir un ami pour l'éternité... Soudain, Abigail chanta une chanson pleine de tristesse, douce. Une chanson que sa soeur, celle qui est morte, avait l'habitude de lui chanter pour l'endormir ou tout simplement comme ça pour lui témoigner son affection.

" - Yasashii uta wo utatte itai

Anata ni sasagetai setsubetsu no uta

Saigo ni tsutaetai yo arigatou... "

Ca y est, il faisait sombre, dix-neuf heures allait bientot sonner. Seth tenait toujours son lapin dans les bras, le serrant de plus en plus fort, le nez dans la fourrure synthétique abîmée.

Il regardait de coin la PoufSouffle, qui essuyait rapidement ses yeux. Il savait qu'elle pleurait, et apparemment elle ne voulait pas qu'il le sache. Il ne lui dira pas qu'il l'ait remarqué, cela pourrait lui faire du mal.

Un souffle sorti de la bouche de la jeune fille, laissant entendre à qui écoutera un "merci" étouffé par la gorge serrée qui devait lui compliquer sa diction, et par peut-être la timidité.

La Poufsouffle le rejoignit devant le spectacle qu'offrait le parc de Poudlard.
Elle lui avait demandé son nom. Quelqu'un s'intéressant à lui... Ses yeux se mirent à briller, un sourire revint sur sa bouche pour encadrer tout le bas de son visage. C'était un moment tellement heureux pour lui. D'après lui, la fille était presque déjà une amie. Il l'aimait bien, son caractère froid aussi.

" - Mon nom est Seth ! Seth Bowers ! s'exclamait-il, trépignant et sautillant sur place, tout excité. Première année à la maison Poufsouffle ! " ajouta-t-il.

Il replongea ses yeux dans le panorama, des yeux dans le vagues, rêveurs, avec un petit sourire aux lèvres.

Elle lui avait tendu une main avec les Patacitrouilles.

" - Tu peux tout manger, dit-il avec un sourire léger. J'ai entendu que t'avais faim tout à l'heure. "

Voilà, les dix-neuf heures avaient retenti dans le château. Il serait temps de partir de la tour, si calme, si belle... Avec un souvenir associé a partir de maintenant : une belle rencontre, avec sa première amie.