Wilbur était parti de l'audition un peu trop rapidement à son goût. Il n'était pas dans ses habitudes de filer comme un voleur. Mais tant de choses s'étaient deroulées en si peu de temps que le malheureux n'avait trouvé d'autre solution que l'échappatoire. Il était sorti de la Salle. Les couloirs étaient déserts à présent, l'audition prenait fin. Chacun était reparti dans son dortoir respectif et Wil' demeurait, seul, adossé au beau milieu du couloir, le long du mur. Totalement paumé, baigné de sueurs froides, le jeune garçon se laissa glisser jusqu'au sol. Bon. Maintenant que le silence regnait, qu'il était seul, Wilbur pouvait reflechir tranquillement. Recapitulation. Tout d'abord, il avait été pris dans le groupe de musique. Important, et bénéfique... ou pas. Ensuite, il avait discuté avec Mel', dans le but de lui soutirer quelques infos crousties sur Aranya. Mais à ce moment là, alors que la jeune fille lui débitait quelques horreurs, Wil' avait été emporté par une vague de doute, de trouble intense.

Il avait perdu pieds et semblait avoir basculé de l'autre côté du monde... rien que ça. Cela pouvait être idiot. Seulement Wilbur, à présent, était en train de tout remettre en question. La tête dans les mains, il se sentit plus faiblard que jamais. Etrange pour lui, d'habitude si neutre et dur et cru et violent à la fois. Aranya le maniait depuis le début. Il n'avait rien entre ses mains qui puisse l'aider à progresser, à pouvoir s'emparer d'elle et de ses plans tordus. Jamais Wilbur n'avait eut le dessus. Même la balafre qu'il avait infligée à la jeune fille était totalement insignifiante. Le jeune garçon crispa les poings et serra les machoires. Il maudit cette pression qui l'obligeait à laisser paraître ses sentiments. Il maudit ce doute, toutes ces peurs parvenues brusquement jusqu'à lui sans qu'il n'ait pu rien dire ou rien faire. Il maudit Poudlard, il maudit tout le monde, il maudit Aranya...

Horreur. Aranya. Pléonasme, avait bien envie de dire le malheureux Wilbur !! La voix de la jeune fille était deja significative: Elle s'approchait de Wil' et avait visiblement l'intention de lui parler. Wil' se maudit de s'être retrouvé dans cette posture de totale faiblesse, evidemment au moment où son ennemie jurée croisait son chemin. Wil' était pris à son propre jeu. A trop s'approcher d'une rose, aussi noire soit-elle, on se griffe, on saigne. Le Vert s'était empris d'une passion étrange pour les mystères qui planaient autour d'Aranya. Pas pour Aranya elle-même. Du moins... pas au début. A présent, Wil' se retrouvait fasciné par cet être d'outre-tombe et ses sordides attitudes qui le laissaient mi-perplexe, mi-contemplatif. Le jeune garçon se l'était caché. Mais à présent qu'il savait, à présent qu'il était redescendu sur être et avait decouvert qu'Aranya était plus puissante que lui, Wil' se voyait courber l'échine et se laissait enrouler dans les filets de la jeune fille. "Aranya tissait sa toile", comme il le pensait souvent. Wil' bondit sur ses pieds, esperant retrouver un semblant de normalité, son soupçon de mépris qui ne le quittait - d'habiture - jamais en présence de son "adversaire". Chaque parole, chaque mot d'Aranya lui entaillait l'esprit tout comme lui, lui avait entaillé la joue sur le Terrain de Quidditch. D'une voix failble, ce qu'il avait craint, Wil' lacha, le regard fuyant:

- Je t'ai deja dit de ne pas t'inquièter. Je joue toujours le jeu avec passion appliquée, je ne suis ni lache, ni poltron, ni stréssé. Je fais partie de ton groupe, soit. Tu n'auras qu'à me prévénir des répétitions...

Wil' ne savait plus quoi dire. Il était mal. Mal à l'aise, nauséeux. Aranya aborda un sujet sensible qui fit frémir Wil' de la tête aux pieds. Il tenta d'ignorer les sueurs froides qui glissaient dans son dos, mais ne put se sentir encore plus maladif. Son teint se trouvait plus blême, son regard perdait de son éclat et se voulait craintif, fuyant.

- Je... Je ne connaissais même pas son prénom. Quant à lui faire du "gringue"...

Wil' inspira un grand coup. Il retrouva quelque peu de sa superbe, et sembla se grandir d'un cran, ce qui lui permit de regarder Aranya de haut, comme il aimait tant le faire.

- Navré de te rendre un temps soit peu jalouse ou je ne sais quoi. Malariah me plait bien. Mes intentions n'étaient pas de lui faire un centième de gramme de mal. Au contraire, ta sbire m'apprend des choses interessantes... Et tu viens de le dire n'est-ce pas ? Je fais à présent parti du groupe. Ton groupe, avec son lot d'avantages et d'inconvenients...

Wil' esquissa un léger sourire. Il se sentit plus crispé que jamais. Mais le courage innondait son coeur, soudain plus léger et plus sûr. Le doute s'envolait petit à petit, lentement mais surement. Le jeune Serpy ne se laisserait pas faire.

- Tu m'as choisi, Aranya. Je ne sais pas dans quel but exactement, et je m'en moque d'ailleurs. Mais si tu me perds, tu perds un élément. Tu ne te l'avoueras jamais, mais la vérité est bien là. Certain que cette reflexion te fera grincer des dents mais, Wilbur s'approcha un peu plus de la jeune fille et siffla entre ses dents, j'ai encore mon libre arbitre... D'ailleurs, mon nom est Wilbur. Pas Will'. Ecorche mon nom encore une fois et ce sera ton avenir que j'ecorcherai. Compris ? Aranya...

Jalouse?! Mais qui il se prend, celui là?
La balafrée rongeait son frein, presque à s'en mordre les lèvres. Pour faire bonne mesure, et masquer sa colère aussi soudaine que violente, elle planta ses ongles dans ses paumes de mains ; la douleur la rasséréna un peu, en lui permettant de garder contenance.
Dis et penses ce que tu veux, mais des musiciens, je peux en trouver comme ça !
elle claqua des doigts sous le nez de Will'
-Personne n'est irremplaçable, Willbur, tient le toi pour dit. Bien entendu, je suis le leader de ce groupe, donc je ne vois pas d'objection à te lâcher un peu la bride, mais tant que tu ne me montes pas sur les plates-bandes, ça se passera plus ou moins en douceur entre nous.
Tss... Que ne faut il pas faire pour ménager l'orgueil meurtri d'un mâle à la recherche de lui même... Cette pensée la fit sourire.
-Peut être même que si tu t'avères, disons discret et utile, je te mettrais au fait de la réalité des choses et de ce qui est en train de se passer ici. Fais ce que tu veux, puisque tu tiens tant à y croire en ta chère liberté. Garde la, ta chimère, berce la et la gardant toujours près de ton pauvre petit coeur de solitaire endurci. Tu finiras bien par t'apercevoir un beau matin que tu n'as rien d'autre entre tes bras que du vent. Du vent et des regrets, et c'est pas avec ça qu'on arrive à ses fins.
Elle s'écarta de lui, soudainement perdue dans ses pensées, manifestement à des années lumières de là.
-Tu comprendras vite à qu'elle point j'ai raison... Oh oui. Enfin, je pense que tu es assez intelligent pour ça ; ne me déçoit pas.
Pas encore, se dit elle en passant son index sur sa cicatrice.

Wilbur aspirait la colère qui emanait d'Aranya et la transformait en une energie revigorante, en un courage qui n'était pas du luxe pour lui, vu sa situation desespérée quelques minutes auparavant. Le jeune garçon jeta un rapide coup d'oeil sur les mains de la jeune fille et cela lui suffit pour savoir qu'il l'avait profondement agacé. Wibur ne craignait rien, pas même la Serpy. L'enerver était un plaisir gratuit, futile, mais provoquant un lui un sentiment tel qu'il ne pouvait s'empecher de le faire dès que possible. Wil' l'engouffra dans chaque brèche qu'il trouvait au travers les paroles de la jeune fille:

- Il est vrai que quelques castagnettes ne seront que trop subtile pour toi. Mais, Aranya... qui te dit que ce vent, ces regrets, comme tu le dis si bien... qui te dit que ce n'est pas ce que je veux vraiment ? A supposer que je veuilles quelque chose, bien entendu. Après tout... les réalités du château, je n'ai pas inévitablement besoin de toi pour les apprendre et me tenir au courant d'elles.

Wil' redressa legerement le menton, l'air soudain plus glacial, plus distant.

- Le monde ne tourne pas autour de toi, de ce manteau de mystères que tu gardes toujours sur toi. J'arrive à mes fins quand je le veux vraiment. Avec tous les moyens qui me sont offerts, ou que je pille autour de moi... Tu vois certainement où je désire en venir: Malariah n'est qu'un pion, tu n'as rien à craindre de mes peines de coeur ! Car j'en possède un tout de même. Ne craignons pas le contraire.

Le jeune garçon suivit du regard la main de la jeune fille effleurer sa cicatrice pour la enième fois. Bizard tic. Appreciait-elle de se savoir balafrée ? Ou à travers sa blessure retrouvait-elle accentuée la rage enorme qu'elle eprouvait deja envers Wilbur ? Le jeune garçon eut bien envie de lui poser la question, mais préféra se retenir. Il n'en était plus de savoir si cette question allait être deplacée ou non. Disons qu'il preferait ne pas connaître la réponse, pour mieux savourer ses hyppothèses tordues.

Wilbur vit Aranya s'approcher de lui de manière tel qu'il était obligé de loucher pour continuer de la regarder dans les yeux. Il retint son souffle, ses doigts effleurant la poche dans laquelle se tenait sa baguette, prêt au combat s'il le fallait vraiment. Après tout, il savait bien que la jeune fille était capable de tout. Du pire comme du... pire. Non, Wil' n'avait jamais encore vu son adversaire exceler dans le meilleur. Enfin... tout est relatif: le meilleur de quoi ? Le meilleur du sordide, oui. Mais le meilleur de l'agréable et du tout doux, alors là non et sûr que non. Wil' serra les machoires à l'enonciation de son prénom exagerement articulé. Il passa outre, preferant l'entendre en entier plutôt que ridiculement emputé. Aranya se trouvait toujours à quelques centimêtres de son nez, ce qui deplaisait fortement à Wilbur, très peu habitué à la promiscuité avec qui que ce soit. Néanmoins, son malaise epargna son don de parole. Même si celle-ci était à peine audible, Wil' trouva la force de parler.

- Mes états d'âmes sont inexistants, épargne-moi tes remarques là dessus car elles seront forcement inutiles. Je ne sais pas si je suis si intelligent que tu le prétends, en tout cas je t'en remercie ! Cela ne doit pas être chose facile de t'arracher un compliment. Ah mais nooon, j'oubliais...

Wilbur recula d'un pas, l'air ironique, les sourcils legerement relevés et le sourire fugace.

- ... tu as un coeur ! Mais bien-sûr. Un coeur tellement brillant que tu veux même faire revenir des morts de l'au-delà. Simple hyppothèse... Et je sais très bien que tu préfères agir plutôt que reflechir, je commence à te connaître tu sais. Tu agis tellement, d'ailleurs, que tu ne prends même pas la peine de frapper en face. Loyale, souriante, intelligente... Méfiante: Wil' jeta un rapide regard sur la main de la jeune fille qui errait autour de sa baguette. Tu vois, je peux te faire des compliments, de même.

Wilbur enfonca ses mains au fond de ses poches. Il sentit venir la fatigue. Aussi en avait-il un peu ras le bol des joutes verbales. D'un air soudain plus serieux, le jeune garçon releva legerement le menton.

- Bon. Trève, as-tu deja fixé une date pour les répétitions ou non ? Ta voix je ne l'entend que trop bien. Et trop souvent. Curieux de te voir jouer d'un instrument. Toi, et tes sbires egalement. Malariah doit posséder un talent incroyable... J'en suis certain.

Remis d'aplomb !? Soit Aranya jouait son énième carte de provocation, soit la precedente situation de faiblesse de Wilbur avait été bien visible à ses yeux morbides. Le garçon s'en voulait. Mais qu'à cela ne tienne. Aranya avait un coeur, elle le disait elle-même. Elle aussi pouvait se trouver tout aussi humaine que lui était emprunt, très rarement tout de même, au sentiments incontrolés cu commun des mortels. Dans la tête de Wilbur trainait une petite musique. D'habitude, dans le crâne du jeune garçon, ne glissait qu'une interminable file de corbillars. Mais là, une mélodie pointa le bout de son nez sans crier gare.

- Mes doigts suivront le groupe. Aussi bien que tu suis tes idées perverses ! Je serais après-demain à Pré au Lard. Moi, et ma basse, et ma bonne humeur habituelle.

Wilbur esquissa un sourire jaune. Il fut ravi de voir qu'Aranya s'appretait à tourner les talons. Le jeune garçon repris sa guitare, la cala sur son dos, se redressa une dernière fois devant la jeune fille et ses dernières remarques désagréables. Elle eclata d'un rire qui laissa Wil' de marbre, totalement indifferent, comme si elle était la seule à avoir compris sa... blague. Le jeune garçon attendit qu'elle redevienne calme avant de lancer finalement:

- Bon. D'ici là mon aplomb sera retrouvé. Et mon silence de même: Ne crois pas que déblaterer avec toi me fait provoquer des sensations très sympathiques. En supposant en avoir au moins une de sensation.

Wilbur laissa trainer son regard vers Aranya lorsqu'elle tourna les talons et s'eloigna dans le couloir. Mefiant, le jeune garçon prefera la voir totalement disparaître plutôt que de lui tourner le dos trop tôt. Il en avait deja fait les frais. Sa main, bléssée par les flammes de son sortilège nocturne, le brûlait encore de temps en temps aux moments où ils s'y attendait le moins. Mais il ne s'en préoccupait jamais. Moins qu'Aranya et sa balafre...

[ Fin du RP ! ]