La nuit était tombé, au dehors. Le repas dans la grande salle n'allait pas tarder.

Ashlen revenait de la salle commune des poufsouffles et devait retrouver Aranya dans le hall, comme prévu. Il était assez rassuré, il avait trouvé son chat dans un des couloirs du sous sol et l’avait ramené dans la salle commune. Mais maintenant, il était à nouveau inquiet : et si il était à nouveau parti ?

Mais que pouvait il faire de cette inquiétude ? Il était incapable de l’attacher, Rusty en serait très malheureux. Peut être existait-il dans le monde des sorciers un moyen de parler aux animaux, de leur faire comprendre des choses. Si un tel moyen existait, il pourrait lui dire d’être prudent, d’éviter de sortir de la salle commune.

En attendant, il serait obligé de le surveiller en perpétuité. C’était un problème handicapant.

Il arriva dans le hall et attendit la serpentarde à côté d’un pillier. Il avait toujours le biscuit qu’elle lui avait donné dans la main et comptait le lui rendre.

Ah, il l'aperçevait qui entrait dans le grand hall pour se diriger vers lui.

-Et bien, Ashlen, j'espère que tes recherches ont été plus fructueuses que les miennes...

Elle paraissait tout à coup neutre et indifférente, ce qui déçut grandement Ashlen. Il avait été persuadée qu'elle s'inquiétait pour Rusty, en outre il semblait que ce ne soit plus le cas.

"Ce doit être la perspective du repas qui lui enlève son inquiétude", se dit il. Et c'est vrai que, maintenant qu'il y pensait, il avait faim.

-Je n'ai pas réussi à le retrouver. Vraiment désolée. Et à en juger par l'expression de ton visage, je suppose que toi non plus, tu ne l'as pas retrouvé.

Il se prépara à lui annoncer le contraire quand elle continua.

- Ecoute, je propose de nous rendre dans le bureau de la Directatrice afin de lui rapporter cette nouvelle mais non moins inquiétante disparition... Si Saya s'attaque aussi aux animaux, ça va être la guerre, tu peux me croire.

Et bien, quel emportement. Cela soulagea Ashlen, en bonne serpentarde elle voulait cacher son inquiétude, mais ce n'était qu'un leurre.

- Non non, je l'ai retrouvé. Dans les couloirs du sous sol, en train de miauler sur un tableau.

Il y repensa. Le vieil homme représenté dans le tableau réagissait mal, il se disait insulté. Lorsqu'Ashlen lui avait demandé des excuses il, en se désignant à la troisième personne, avait déclaré qu'il n'avait jamais été aussi humilié.

Les tableaux étaient encore plus bizarres que les serpentards.

- Si je suis inquiet, c'est parce qu'avec cette salle qui... bouffe les gens... j'ai peur qu'il lui arrive quelque chose.

Il avait difficilement articulé cette phrase, et déglutit quand il l'eût terminée.

- Il est hors de question que je l'attache... Donc je sais pas quoi faire...

Il fit un regard effaré à Aranya. Il parlait un peu trop, mais ce n'était pas grave.

Lorsque la fille lui dit qu'attacher un chat, c'est comme essayer d'empêcher la pluie de tomber, Ashlen fût à nouveau admiratif. Il n'aurait su dire mieux.

- Effectivement.

Puis elle lui dit une chose qui le rassura beaucoup : que les chats étaient assez intelligents et autonomes pour éviter les dangers. C'était bien vrai, ça. Il devrait faire un peu confiance à Rusty.

- C'est vrai, tu as raison.

A présent Ashlen était rassuré, et cela se voyait sur son visage. Ses traits étaient détendus. Il se retint de remercier la serpentarde, il avait bien compris que cette dernière n'était pas très sociable, et il refusait de partager ce qu'elle ne partageait pas.

Puis là, Aranya fit demi tour et parla de Saya. L'idée de faire du mal à un animal semblait la déranger. C'était un bon point.
Néanmoins Ashlen n'admira pas la manière dont elle dit qu'elle irait déloger le monstre, c'était tout simplement impossible pour une première année et elle le savait très bien. Parler comme ça n'était pas du courage, mais de l'inconscience, de l'irrespect devant la monstruosité de l'ennemi.

Puis la fille dit une phrase qui, malgré lui, força Ashlen à répondre :

- Je vois, merci.

Boah, c'était sorti tout seul. Sa nature polie avait surgit, Ashlen ne voyait pas pourquoi il évitait cette dernière. D'abord, l'évitait-il ?

Perplexe, il se dirigea vers les portes de la grande salle.

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