Clémentine devait posséder un coeur trop innocent, ou un esprit trop naïf. Mais elle ne goba pas du tout le plan de la Serpentarde. Trop portée dans son désir de vengeance, la proposition d'amitié que lui tendait Aranya eut don de la mettre presque hors d'elle. Clémentine sentit la rage bouilloner en elle, à tel point qu'elle se mis à trembler comme une feuille, le poing crispé fermement sur sa baguette. Elle pouvait tout faire foirer sans même s'en rendre compte. Mais sur l'instant, la simple idée qu'Aranya était en train de poser un plan stratégique lui fila loin au-dessus de la tête. Si une personne était tombée dans le piège, ce fut bien elle. Car elle n'avait rien compris de la sbutilité...

- "PAUVRE SOTTE" ?!! Bordel mais c'est moi que tu traites de sotte ?? Toi qui ne sais rien, qui ignore tout, qui débarque ici, avec tes envies de pourrir la vie de ceux qui t'ont ignorés ?! Si quelqu'un t'a placé sur un piedestal ce n'est certainement pas moi ! Hors de question de mettre en danger qui que ce soit ! Plus maintenant !

Clem' aurait bien continué à hurler sur Saya, si seulement Aranya ne s'était pas avancée, placant ses astuces petit à petit, avec habileté... La Serdette n'en revenait pas. Elle s'engouffra dans la gueule de loup. Agitant les bras, s'interposant entre Aranya et Saya, elle n'écouta que son coeur. Pour le meilleur ou pour le pire...

- Traitre Aranya ! Comment oses-tu t'allier avec cette folle ?? J'apprenais pourtant à te faire confiance, moi ! Je me suis trompée... Tu ne vaux donc pas mieux qu'elle ! J'avais cru pourtant... Recule, elle ne va pas t'écouter ! Ne te rallie pas à elle et ses belles paroles ! Par pitié Aranya... Excuse-moi mais je dois le faire:

La jeune fille relevait deja son bras en arrière pour écarter la Serpentard à l'aide d'un sortilège. Seulement elle n'en eut pas le temps...

Un grand éclat de rire, provenant de Saya, s'éleva dans la forêt interdite. Voir Clémentine s'agiter de la sorte était si risible. Que croyait-elle faire ? Qui croyait-elle impressionner avec ses pauvres petites paroles sans impacte ?

"Sache que j'ai toujours été là. Je ne suis jamais partie de Poudlard. C'est vous tous, années après années, qui avez débarqué dans mon école. La mienne. Celle que mon père a fondé. Alors, garde tes jérémiades pour tes petits camarades. Nous ne sommes pas de la même trempe."

Sa voix était calme, posée. Le vent soufflait doucement sur sa longue cape qui ondulait d'une façon très artisitque au bas de ses jambes.
Aranya vint troubler cette paisibilité.

"Sherlock Holmes n'est plus ce qu'il était", railla Saya aux déductions fumeuses d'Aranya. "Mais puisque tu es prête à te corrompre pour soit disant t'allier à moi... je t'accorde une nouvelle chance."

Saya leva les mains lentement vers sa tête. Elle fit glisser avec grâce sa capuche, laissant découvrir une longue chevelure blonde cendrée. Mais ce n'était pas la Mia que les élèves avaient connue. Saya était bien plus âgée. L'âge de sa mort concordait avec son physique. C'était une septième année.

Saya éclata en un nouveau rire bruyant. La jeune élève à Serpentard l'amusait beaucoup.

"Et moi qui croyait que la maison de mon illustre famille était plus noble que toutes les autres ! Moi qui avait si bien entamé sa réputation pour les générations à venir... A croire que la cohabitation avec les trois autres maisons vous ont tous rendu aussi niais."

Saya émit un nouveau rictus moqueur qui résonna dans la forêt interdite.

"Tu n'est pas en position de faire des propositions."

Le regard de Saya devint soudainement glacial. Et son visage, qui était d'une beauté rare, contrastait tant avec cet air froid et supérieur qu'il en devenait d'autant plus intense. Elle avait des traits fins, nullement vulgaire. A vrai dire, son visage était sans nul doute une symétrie parfaite.
Elle fixa ardemment Aranya puis leva la main en sa direction. A peine eut-elle achevé son geste que la jeune fille se retrouva violemment projetée contre un tronc d'arbre, derrière elle. Un sourire mauvais se dessina sur les lèvres réjouies de Saya.

"A ton tour de vivre avec ta peur", ajouta-t-elle de sa voix d'outre-tombe, en remettant sa capuche sur la tête & en disparaissant dans un bruissement de cape.

Aranya était en très mauvaise posture. Elle était sans doute assomée, et peut-être avait-elle quelques fractures. Mais par dessus tout, elle était métamorphosée. Si les traits de son visage n'étaient pas restés les mêmes, personne n'aurait put la reconnaitre.
Elle était maintenant blonde, affublée d'habits 'nunuche pur sang' et d'un regard niais... sans pouvoir sans défaire.

Clémentine suivait le dialogue entre les deux jeunes filles, le visage crispé dans une expression haineuse, les naseaux fumants et les oreilles bourdonnantes. La jeune Serdette detestait Saya, bien entendu. Mais dans cette scène, cette affaire qui se déroulait sous ses yeux, c'est surtout Aranya qui la mettait hors d'elle. Se confondant dans ses désirs de vengeance, Clémentine en oubliait toute subtilité, et avalait tout rond le plan de la Serpentarde. La jeune fille serrait ses poings aussi fort qu'elle le pouvait et tremblait de tout ses membres, prète à exploser. Un rien était bien capable de la faire éclater. D'ailleurs, ce "rien" en question arriva bien vite. En effet, Saya, qui avait decouvert son visage blafards aux yeux de ceux qui voulaient bien la voir, tendit vivement sa main vers Aranya.

Clem' ouvrit grand les yeux. Desirant hurler quelque chose, un avertissement ou autre, la Serdette ne put que lever les bras au ciel. Car le sort était deja en train d'oeuvrer sur Aranya. Clémentine vit la jeune fille projetée dans les feuilles mortes. Euh... était-ce veritablement elle d'ailleurs ? La Serdette cligna des yeux. Oh god ! Clémentine en aurait rit si seulement la situation n'était pas si tragique. Aranya en blonde... Meme Andy Warhol n'aurait pu faire mieux ! Ce qui aurait dû faire sourire Clem' ne fit pourtant que grossir sa colère. Elle lacha sa baguette, fit volte-face et bondit sur Saya... Bravoure, quand tu nous tiens. Saya était deja partie... Et la malheureuse Serdette tomba lourdement à plat sur le sol, les bras en croix. C'est l'intention qui compte.

* Tu parles ... J't'en foutrais de l'intention moi... *

Morgane se tourna vers elle et lui sourit. Pour une fois elle allait pouvoir se rendre utile. Elle connaissait par coeur le chemin de l'infirmerie, puisqu'elle avait du y aller de nombreuses fois au cours des premiers cours qu'elle avait suivie au collège.

-Bien sur, je t'accompagne!

Elle se demanda si les autres allaient venir avec elles.

Hannah en effet avait l'air également mal en point, frustrée, en colère et mouillée. Mais peut être aussi un peu rassurée...