Le banquet de début d'année avait pris fin.

Sylvia Stender s'était tout d'abord rendu dans son dortoir, afin d'y ranger toutes ses affaires dans la grosse malle au pied de son lit et de se replonger dans sa nouvelle lecture : "Théorisation sur l'existence des Epouvantards". Quand elle doutait de quelque chose, quand elle ne trouvait pas une réponse, Sylvia avait la manie compulsive de se plonger dans le plus gros bouquin qui se rapprochait le plus de son sujet d'étude. Cette fois, il s'agissait : de la salle du Risèd.

Sylvia avait pensé à cette salle pendant tous ces derniers mois à Poudlard. Et si Alban et elle avaient trouvé un solution pour évincer les cauchemars de Poudlard ? Et si le Risèd Squad les avait aidé à les vaincre un à un ? Et si la salle avait été fermée ?

(Avec des "si", on mettrait Poudlard en bouteille) pensa-t-elle avec un sourire amer.

Non, Sylvia n'était pas du genre à aller contre le règlement. Mais ce soir là, sa lecture n'avait pas suffit à la garder dans son lit. Elle s'était donc hissé hors de sa salle commune pour rejoindre les couloirs du septième étage... là où la salle du Risèd se cachait.

Sylvia se tenait à deux pas de la porte de la salle du Risèd, aujourd'hui disparue. Mais elle savait très exactement son emplacement pour avoir autrefois trouvé Alex près de cette porte. Elle s'approcha lentement du mur, baguette levée et un "lumos" pour l'éclairer. Elle passa lentement sa main sur le mur vide... vide de toute porte, de toute trace, de toute inscription... Rien. Il n'y avait strictement rien. Comme si sa précédente année à Poudlard avait fondu dans la nature...

Sylvia se laissa tomber le long du mur. Ses paupières se firent lourdes. Elle cligna deux - trois fois des yeux... puis s'endormit contre la pierre froide.

Alex n'était pas du tout fatigué en ce début de soirée. Aussi il décida d'aller faire un tour pour s'oxygéner les méninges avant d'aller retrouver son dortoir. Il n'avait pas la moindre idée de ce qui le conduisait à se rendre vers la porte de la fantomatique salle du Risèd, mais curieusement, son cœur l'incitait à s'y rendre, comme poussé par la destinée.

Il fit quelques pas, les cents pas, des allés-retours, puis disposé à en avoir le cœur net, il se rendit plus près encore de l'entrée de la salle. Il passa un angle de couloir, puis un autre. Mais lorsqu'il arriva à l'endroit précis où l'entrée de la salle l'avait laissé à demi-mort sur le sol, il vit avec effroi, son amie Serdaigle collée au mur. Une vision d'horreur s'installa alors dans sa tête:

Sylvia! Non! Pas toi en plus de tous les autres! Venait-il de se dire dans sa tête. Il s'approcha de son amie et lui dit:

-Sylvia, tu vas bien? que s'est-il passé? Dis quelque chose, parle moi. J't'en prie Sylvia...

Il s'approcha d'elle comme pour la secourir. Elle respirait et n'avait aucune marques de fatigue avancée comme Alex avait lorsqu'il en était ressortit. Il s'approcha doucement de son amie et tendit sa baguette:

-Lumos! Dit-il. Sa baguette s'alluma aussitôt et il examina le visage de Sylvia pour y trouver la vie qu'il connaissait bien de son amie. Il approcha sa baguette encore plus près puis...

Des vagues d'eau, puis des gens emportés au loin... des nuages de brumes noirâtres entourant les élèves de Poudlard... le visage du professeur Rogue, déformé par un atroce rictus... et puis une lumière aveuglante, qui se rapprochait petit à petit de Sylvia... La blondinette était restée deux bonnes heures à dormir dans ce couloir sombre, adossé aux murs froids de l'école. Elle avait fait toute sorte de rêves. Des abandons. Des décès. Des victimes. Des coupables... tout se mélangeait dans un tourbillon de vagues et de choses informes. Jusqu'à ce que cette lumière apparaisse. Comme si elle signait la fin d'une vie. Ou d'une mauvais cauchemar...

La jeune fille cligna des yeux. Cette lumière était des plus agaçantes. Elle balaya d'un revers de main la baguette d'où émanait la lumière pour y voir Alex Auhesse, son ami de Gryffondor.

"Tu ne vois pas que tu m'aveugles avec ta baguette ?" dit-elle d'un ton sec en se relevant d'un bond.

Elle épousseta sa robe, remis sa cape correctement en place sur ses épaules, fit quelque pas puis s'arrêta, tournant les talons dans la direction d'Alex, qu'elle venait tout juste de quitter. Il n'était pas des plus poli de s'en aller ainsi, et Sylvia aimait être parfaite. Ou du moins, se croire parfaite. La politesse était donc un critère qu'elle se devait de remplir. Même lorsqu'elle n'en avait aucune envie.

"Que fais-tu là au fait ?" demanda-t-elle d'un air suspicieux. "Il est tard. Tu devrais être en train de dormir dans ton dortoir..."

C'était sa façon à elle, d'être polie.
Sylvia n'aimait pas l'idée qu'Alex l'ai trouvé là, près de la salle du Risèd, à enfreindre le règlement. Après tout, Sylvia était préfète en chef, et sortir de son dortoir après le couvre-feu était une infraction à celui-ci. Elle avait une bonne raison de le faire. Mais elle seule le savait. Et elle n'avait pas l'intention de le dire à qui que ce soit.

Pantois, déstabilisé et chancelant(physiquement); Alex ne savait pas ce qu'il venait de se passer. Sylvia s'était levée d'un bond et il n'avait pas du tout compris ce qui lui était arrivé. Au moins elle était saine et sauve, bien que mal réveillée, mais cela était une autre histoire. Il était tant ravi de la voir comme d'habitude, qu'il en sourit malgré lui:

-Excuse-moi Sylvia, mais te voyant là, devant...LA...salle...j'avais peur qu'il te soit arrivé quelque chose...je m'inquiétais...

Il s'était fait un sang d'encre oui, mais cela, il était inutile de le dire à Sylvia, elle aurait pu mal l'interpréter.

Elle s'en alla, puis revint aussitôt pour questionner le Gryffondor sur la raison de sa venue dans cet endroit. Alex ne voulait pas lui mentir, cela n'aurait servit à rien de toutes façons. Honnête comme toujours avec elle, il lui dit alors:

-Eh bien, je n'ai pas du tout sommeil et je voulais faire un tour pour me fatiguer un peu la tête. Je sais que je ne devrais pas, mais c'est une bonne méthode que je connais pour trouver la fatigue qu'il me manque de temps en temps.

Son air suspicieux rendit Alex un peu mal à l'aise, mais il se calma assez vite. Sylvia avait le don pour apaiser son ami. Sa baguette repliée derrière lui, il l'avait glisser dans son dos par réflex comme fuyant un chien dangereux, il se risqua à la tendre à nouveau devant lui. Lorsque soudain une question lui vint à l'esprit:

-Mais...que fais-tu ici, endormie dans le couloir? Tout va bien?

Alex s'était inquiétée pour elle. Après tout, ce n'était pas étonnant. Avec tout ce qui était arrivé depuis l'ouverture de cette salle, trouver quelqu'un endormi non loin de celle-ci n'avait sans doute rien de rassurant. Sylvia haussa les épaules, puis lui répondit :

"Cette salle, comme tu dis, s'est une nouvelle fois cachée", dit-elle avec un sourire. "Mais malheureusement, la disparition de la porte ne signifie pas la disparition de la salle," ajouta-t-elle plus pour elle même que pour Alex.

Pourquoi cacher une porte ? Pour ne pas qu'on l'ouvre ? Mais alors pourquoi kidnapper des gens pour les faire entrer de force dans cette salle ? Cela n'avait aucun sens... sauf si le propriétaire de la salle préférait choisir ses victimes. Mais alors, selon quel critère ?

Alex était sorti prendre l'air dans les couloirs pour trouver le sommeil... Sylvia acquiesça d'un bref signe de tête. Il n'était pas là pour enfreindre le règlement ni pour tenter quelque chose de stupide avec la salle. C'était déjà une bonne chose. Il était inutile de tenter quoique ce soit tant qu'on était seul. C'était l'une des convictions de Sylvia : l'union ferait la force. Le choixpeau l'avait bien assez répété ces dernières années.

À son tour, Alex interrogea Sylvia sur sa présence ici. LA question qu'elle ne pouvait de toute façon pas éviter. Après tout, la voir elle, hors de son dortoir après le couvre-feu relevait de l'exploit. Un sourire se dessina sur le visage de Sylvia. Celui qu'elle faisait chaque fois qu'elle s'apprêtait à répondre à une question dont elle ne voulait pas donner la réponse. Sylvia savait très bien cacher son jeu. C'était ce qu'elle faisait aussi bien à Poudlard que chez elle...

"Oui oui, tout va bien. Une bête histoire de cheville légèrement foulée en descendant un escalier", répondit-elle. "Ils sont stupides aussi, à sans cesse bouger. On peut se faire mal comme ça ! Enfin bref, je suis venue me poser là, pour reposer un peu ma cheville... et je me suis endormie. Bien sûr, j'étais dans les couloirs avant le couvre-feu", ajouta-t-elle d'un ton catégorique.

Sylvia jeta un oeil à sa montre. Minuit. Il était temps de rentrer dans son dortoir, avant qu'un professeur ne les surprenne à enfreindre le règlement.

Alex fut septique à son tour, mais voir Sylvia discuter le rassura. Il la croyait sur parole. Pas besoin de se justifier ou de fournir de preuves. Ils avaient partagés des moments assez rudes ensembles, et Alex s'était juré (à Sainte Mangouste) de ne plus rien lui cacher. Il ne voulait pas prendre un tel risque, à savoir, faire du mal à son amie.

La porte de la salle du Risèd avait disparue? Mais comment et pourquoi?

-Disparue? Comment ça se fait? Et pour quelle raison? Il me semblait qu'elle se voulait hostile cette fichue salle...

Il n'attendait pas vraiment de réponses, il se sentait plus en sécurité en apprenant cette nouvelle qu'en se sentant espionné à tout moment par ce spectre. Sylvia informa Alex d'une blessure à la cheville, et en tout gentleman qu'il était, il s'en inquiéta immédiatement. Il ne se soucia pas du règlement et du couvre-feu, Sylvia valait bien qu'il prenne des risques pour elle. N'ayant cependant aucune maitrise en médecine moldu, il lui demanda seulement:

-Tu...tu peux marcher?

Question intéressante si l'on avait affaire à quelqu'un qui voulait la planter là, mais de toutes façons, Alex la raccompagnerait jusqu'à sa salle commune. Il n'était toujours pas fatigué et encore moins maintenant qu'il venait de parler avec Sylvia...

"Bien sûr que cette salle nous veut du mal", s'exclama Sylvia en levant les yeux au ciel. "La porte s'en est allée. ça n'empêche pas que le lac est toujours inondé et que Saya Serpentard est toujours parmi nous", ajouta-t-elle légèrement exaspérée par la naïveté de son ami.

Alex Auhesse était toujours très gentil envers elle. Il ne l'avait certes pas toujours été, mais Sylvia n'y pensait plus. Non pas qu'elle avait oublié cette vieille histoire, mais plutôt parce que cela lui faisait mal d'y repenser. Jusqu'au début de son amitié avec Alex, Sylvia n'avait jamais eu de véritable ami. Et elle s'en était jusque là très bien passé, ne se rendant pas vraiment compte à quel point elle pouvait agacer les autres élèves. Mais quand elle sentit qu'un semblant d'amitié naissait entre eux deux, elle trouva cela confortable d'avoir quelqu'un si qui compter. Jusqu'au jour où elle appris qu'il montait un club sans elle, ne lui en parlant que par intérêt, ayant alors besoin de son aide. Ne pas avoir d'amis ne l'avait jamais dérangé. Mais se sentir trahie par son premier ami, elle ne l'avait pas supporté. Depuis, bien des choses s'étaient passées. Et elle avait fini par lui pardonner, et aussi comprendre ce qu'il s'était vraiment passé. Mais elle n'avait pas oublié...

Si Alex était donc toujours gentil avec elle, ce n'était pas réciproque. Sylvia lui montrait toujours très clairement lorsqu'il se montrait un parfait abruti. C'était dans sa nature : elle était quelqu'un de bien. Et de franc.

Son mensonge sur sa cheville foulée passa à la perfection. Alex lui demanda même si elle pouvait marcher, même l'ayant vu se lever d'un bond et marcher dans la direction du couloir sans ménagement pour sa cheville. Un large sourire se dessina sur le visage de Sylvia avant qu'elle ne réponde :

"Oui, je marche très bien à présent. Il faut croire que ne pas la bouger pendant plusieurs heures lui a permis de se reposer."

Sylvia bougea la cheville pour lui montrer que tout allait bien, puis ajouta :

"Bon, maintenant je retourne à ma salle commune. Hors de question de perdre des points pour une bête histoire d'escaliers farceurs. Et tu ferais bien de ne pas traîner trop longtemps dans les couloirs, toi aussi. Tu n'as qu'à marcher dans ta salle commune après tout", ajouta-t-elle en haussant les épaules.

Sur ce, Sylvia tourna les talons, et disparu dans l'allée centrale du septième étage.

Sort du RPG

Complètement désorienté par le comportement de Sylvia, Alex resta planté là, la bouche ouverte. Il la connaissait pour être franche bien sûr et cela ne le toucha pas plus que ça lorsqu'il se fit remonter. Il savait bien que derrière cette facette détestable et faussement antipathique se cachait un être adorablement touchant et plein de sentiments extrêmement forts. Il n'avait pas oublié lui non plus la façon avec laquelle il s'était comporté avec elle, mais de son point de vue, il avait fait tout ceci pour la protéger parce que depuis le tout début, il tenait beaucoup à elle.

Il ne savait pas pourquoi, mais il y repensa à cet instant précis. Comme si on l'appelait à corriger les erreurs qu'il eut fait par le passé. La voir partir ainsi lui faisait de la peine. C'était sans doute pour cela qu'il ressentait ce sentiment à cet instant même.

Qu'est-ce que tu croyais, tu l'as mérité. Tu aurais au moins pu lui expliquer pourquoi tu la tenais à l'écart... aujourd'hui tu payes ton insensibilité passée. Tu savais bien qu'elle n'avait pas beaucoup d'amis, pour ne pas dire pas du tout. Et lorsqu'elle a fait les premiers pas vers toi, même te sauver la vie, toi comme un imbécile tu l'as mise de coté. C'est bien fait pour toi, tu en as encore beaucoup à apprendre de cette fille si fragile et admirable...tu ne la mérites même pas comme amie...

A cette pensée, Alex laissa couler une larme de profonde tristesse. Il avait mal de la voir ainsi, dans un climat qu'il avait crée et qui n'était pas au mieux d'un climat d'amitié. En plus c'était de sa faute, il culpabilisait. Il aurait du être encore plus attentionné envers elle à l'époque. Mais le passé était le passé et il ne pouvait plus rien changer à part regretter amèrement son comportement... La voyant s'éloigner il dit pour lui même, comme une pensée exprimée à voix haute, mais sans s'en rendre compte, il avait parlé assez fort pour qu'elle l'entende:

-Je te demande pardon Sylvia, pour tout, tout le mal que je t'ai fait. Je ne le voulais pas mais tu en as souffert et je m'en excuse...

Il tourna à son tour les talons pour rejoindre sa salle commune...

[ Sort du Rpg...]