Le professeur Wulfric était claire sur un point : les élèves ne pourraient pas continuer à les aider. Ce que Sylvia comprenait parfaitement. Des professeurs dignes de ce nom ne pouvaient pas courir le risque qu'un nouvel élève soit blessé. Mais il était tout de même frustrant d'avoir fait une partie du travail sans pouvoir le continuer. Mais lorsque le professeur Wulfric demanda à Sylvia de raccorder son fil d'Ariane au sien, la préfète en chef ne broncha pas. Elle savait qu'ils faisaient ça pour leur bien, à tous.

Sylvia donna un coup de baguette magique dans les airs. Le fil argenté réapparu au bout de sa baguette. Elle le dirigea vers la baguette de la directrice, qui se rattacha aussitôt à son fil. Sylvia aurait bien aimé garder son fil, à elle aussi, mais le professeur Wulfric lui avait demandé de le détacher. Ce qu'elle fit également, à regret.

Alors que la transaction entre les deux baguettes terminaient, Alex prit la parole, doutant à présent de l'identité-même du professeur Wulfric. Sylvia était pensive. Était-ce le doute qui avait submergé Alex qui le faisait parler ainsi ? Ou la raison ? Après tout, à qui pouvaient-ils réellement se confier présent ? Personne. À cette pensée, Sylvia secoua mentalement le flot d'idées qui envahissaient sa tête. La dernière fois qu'elle s'était laissé embarquer dans cette confusion d'idées, cela aurait pu très mal tourner. Il n'était pas question qu'elle refasse la même erreur. Etre pragmatique réglerait tout. Perdre son sang froid ne ferait rien de bon.

"Professeur", intervint Sylvia lorsque Alex, puis son frère, eurent fini de parler. "Afin d'apaiser les doutes d'Alex, serait-il possible que nous vous posions une question, qui d'après-nous, prouvera que vous êtes le vrai professeur Wulfric ?" demanda-t-elle avec un sourire d'ange.

Sylvia se tourna vers Alex, Mimi et Xela pour reprendre, à voix basse :

"Le professeur Rogue du parc était incapable de lire dans nos pensées pour deviner ce que nous venions chercher. Il doit bien y avoir une chose que la salle du Risèd n'a pu entendre nul part... non ?" demanda Sylvia aux trois autres.

Un sourire se dessina sur le visage du professeur Wulfric. Elle n'accepterait en aucune façon qu'un seul élève les suive : cela aurait été trop dangereux. En revanche, elle se devait de les rassurer, du mieux qu'elle pouvait.

"Il est normal que vous ayez des doutes après avoir vu un professeur qui n'en étais pas un", répondit-elle avec douceur. "Aussi, j'accepte volontiers que vous me posiez une question vous rassurera sur mon identité. Et je suis certaine que le professeur Rogue ici présent voudra bien s'y soumettre également", ajouta-t-elle en se tournant vers le professeur. "Mais avant cela, je veux avoir votre promesse de ne pas nous suivre, une fois que nous vous aurons répondu à votre question. D'accord ?" demanda-t-elle en regardant tour à tour Alex, Xela, Mimi et Sylvia.

Le professeur Wulfric se demandait bien quelle question ils allaient pouvoir lui poser. Elle-même, elle aurait eu du mal à dire ce que ses élèves pourraient savoir sans que la salle du Risèd le sache. Après tout, tout ce qui avait été dis dans l'enceinte de l'école, à un moment ou un autre, pourrait avoir été entendu par la salle. Enfin, le but était qu'ils soit rassurés et ne partent pas à l'aventure pour risquer leur vie. Tant que la réponse du professeur Wulfric et du professeur Rogue leur convenait, le reste n'avait pas d'importance.

Tandis que Sylvia expliquait aux autres pourquoi cela pouvait être une bonne idée, le professeur Wulfric se mit à réfléchir à une question qui pourrait les assurer de l'identité du professeur Rogue. Stéphy était certaine d'avoir en face d'elle le véritable Severus Rogue, certes, mais elle aurait aimé avoir des réponses aussi. Sur des choses que la salle du Risèd ne pouvait qu'ignorer. Des choses que seule lui connaissait.

Stéphy Wulfric ne se trouvait plus, à présent, dans le bureau du professeur Rogue. Elle était à l'enterrement du professeur Albus Dumbledore. Une cérémonie magnifique... et des plus triste. Le chant de son phénix, Fumsek, avait déchiré le ciel bleu, résonnant en écho aux oreilles de toutes les personnes présentes.

Le bureau du professeur Rogue se redessina peu à peu devant les yeux de Stéphy. Souvent, elle se demandait si Albus Dumbledore ne serait pas encore en vie, aujourd'hui, si l'homme qui se tenait en face d'elle n'avait pas été là...

Exaspérante cette fille. Déjà que les deux frères jumeaux s'y étaient mis à cœur joie, mais alors il fallait qu'elle pose des questions semi-intelligentes. Voire intelligentes d'ailleurs.

"Oui, mais miss Stender, si on commence à poser des questions comme ça, à tous les élèves, professeurs et tous les membres du corps administratif, comme Rusard, si ce sont réellement eux, je crois que l'on va rapidement à la catastrophe ! Non, pour moi, il y a quand même des limites."

Non, c'est vrai, elle était vraiment exaspérante, avec ses airs de supériorité, en plus... Et puis il s'était produit une altercation entre les deux jumeaux Auhesse. Et puis c'était lequel le Serpentard, d'ailleurs ? Celui-ci ? Non. Peut-être l'autre alors... Bah peu importe.

"Sérieusement, professeur Wulfric, la seule chose qui me dit que c'est vraiment vous, c'est mon hibou. Et il ne se trompe jamais. Je suis sûr que c'est vous. Et seconde chose, j'aimerais qu'ils nous accompagnent. Vous savez, il y a trois choses qui me poussent à les laisser venir. D'une part, ce sont eux qui l'ont repéré. Seconde chose, c'est cette miss Stender, dit-il en la montrant du doigt, qui a prononcé la formule du fil d'Ariane. Et troisième chose, conclut-il en la regardant dans les yeux, nous serons toujours plus forts à plusieurs qu'à deux seuls professeurs."

Il fit une pause. Il faisait chaud dans ce cachot. Et les élèves commençaient à le laisser transparaitre. Déjà des comportements bizarres, puis des gouttes de sueur qui perlaient sur leurs tempes. Les comportements étaient peut-être aussi dus à la fatigue, aux émotions de l'après-midi, mais le cachot n'était pas un bon endroit pour récupérer. Il proposa de sortir :

"... Et je vois que tout le monde est intéressé par cette "chasse à l'homme", sauf ce cher monsieur Xela Auhesse. Alors si vous ne vous sentez pas assez concerné, je vous propose de regagner tout de suite votre salle commune. Nous n'avons pas besoin d'un frein dans nos actions."

Il faillit montrer du doigt la porte, mais se ravisa, pensant que c'était déjà assez pour le calmer, lui et sa fameuse ardeur à la tâche.

*C'est vrai qu'il est énervant, ce gars là...*

"Je précise que je n'oblige aucun d'entre-vous ! Et que par conséquent, il sera libre de partir à chaque instant, sous le coup de la peur..."

Et encore une question sur le professeur Wulfric. Et oui, il fallait qu'elle réponde...

*Pourquoi refuse-t-elle qu'ils nous suivent ? Ces élèves auraient pu participer tous les trois au Tournoi des Trois Sorciers et en sortir vainqueurs... Je suis moins sûr de cela pour le jeune Auhesse de Serpentard cependant... C'est un élève médiocre. Enfin bon.*

"Bon, allez, déjà, posez-la votre fichue question..."

Le professeur Wulfric ne posa qu'une seule condition pour se soumettre à l'interrogatoire : qu'Alex, Xela, Mimi et elle ne les suive pas. Etant donné la réaction que le double du professeur Rogue avait eu dans le parc, c'est à dire ne se soumettre à aucun défi lancé par un élève, le professeur Wulfric était bien le professeur Wulfric. Le professeur Rogue vint également appuyer cette idée en assurant qu'il était tout à fait sûr que jamais son hibou ne se tromperait de personne.

"Je crois qu'il est inutile d'essayer de nous prouver votre identité", répondit Sylvia en jetant un coup d'oeil à Alex. "Si vous n'aviez pas été le vrai professeur Wulfric, vous n'auriez sans doute pas accepté aussi facilement."

Sylvia se tourna à nouveau vers Alex, lui adressant le même regard qu'elle adressait chaque fois qu'elle voulait bien montrer qu'elle avait raison. Un "je te l'avais bien dis" aurait parfaitement illustré son attitude. Bien qu'elle aussi, avait douté un instant de l'identité du professeur Wulfric.

Allant à l'encontre de l'avis du professeur Wulfric, le professeur Rogue proposa d'emmener les élèves avec eux, chercher le double. Ce qui réjouit Sylvia au plus haut point. Après tout, c'était bien elle qui avait accroché un fil d'Ariane dans le dos du double. Et c'était ainsi grâce à elle qu'ils pourraient le pister en toute sérénité. Et puis, Mimi et Alex avaient également été d'une grande utilité. Sylvia avait du mal à le reconnaître : elle en avait forcément fait plus qu'eux. Mais... elle ne pouvait pas nier que ses deux camarades s'étaient bien débrouillés, eux aussi.

(Mais pas autant que moi) pensa-t-elle avec fierté.

Lorsque Severus Rogue eu proposé d'accepter les élèves à leur suite, Sylvia se tourna vers le professeur Wulfric, attendant sa réponse. Elle avait semblé si catégorique sur ce point, que Sylvia doutait qu'elle change d'avis.

Les élèves laissèrent tomber l'idée de questionner les deux professeurs afin d'être rassurés sur leur identité. Le professeur Rogue avait effectivement amené une preuve solide à l'identité de Stéphy : un hibou ne se trompait jamais. Ou du moins rarement. Et puis, il avait délivré la lettre dans le bureau même de la directrice. Et jusqu'à preuve du contraire, aucun double de celle-ci n'avait été aperçu dans ce bureau ni ailleurs dans le château. Convaincue, Sylvia Stender approuva la remarque du professeur Rogue, incitant Alex Auhesse à leur faire confiance.

Contre toute attente, le professeur Rogue proposa que les élèves viennent avec les deux professeurs à la recherche du double. Contre toute attente... pas vraiment en fait. Le professeur Rogue était sans aucun doute moins protecteur envers les élèves. C'était l'image qu'il renvoyait, en tout cas. Et cela n'étonnait pas tellement le professeur Wulfric. Ce qui, cependant, ne lui ferait pas changer d'avis. Elle se devait de protéger ses élèves, même si la tâche était alors plus ardue à accomplir à deux.

"Vous êtes tous les quatre d'excellents sorciers, dotés de belles qualités, autant humainement que magiquement parlant", répondit Stéphy avec douceur. "Mais je ne veux pas risquer qu'il arrive un accident à l'un de vous car vous êtes venu prêter main forte à vos professeurs. Pour votre sécurité, je vous demande d'aller dans vos salles communes respectives."

Le professeur Wulric s'était adressée aux élèves avec douceur, un sourire toujours très chaleureux sur le visage. Mais sa demande n'en était pas moins ferme, ne laissant pas le loisir aux élèves de dire ouvertement qu'ils ne feraient pas ce qui est demandé. Et Stéphy espérait sincèrement que cela les convaincrait pour ne pas enfreindre le règlement. Bien qu'elle n'en était vraiment pas sûr.

Stéphy donna un coup sec du bout de sa baguette. Le fil argenté apparu au bout de celle-ci.

"Severus, je vous attends dans le couloir.", dit-elle au professeur. "Quant à vous quatre, profitez-bien de votre temps libre. Il me semble que vos cours sont terminés pour aujourd'hui."

Le professeur Wulfric adressa un dernier sourire aux personnes présentes dans la pièce, puis sorti du bureau du professeur Rogue, en direction du hall d'entrée.

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