Sylvia Stender appréciait l'hiver. Le vent frais qui glaçait ses joues la revigorait de l'intérieur. Rien de tel pour passer une excellente journée à se remplir un peu plus la cervelle que le jour précédent. Du moment qu'il y avait du soleil, l'air frais était toujours agréable. Du moment qu'il y avait du soleil, et que le vent ne se levait pas, bien sûr. Rien de tel, aussi, pour trouver un parc du château calme. C'était bien connu : les élèves de Poudlard étaient frileux.

Ou du moins, c'était ce que Sylvia Stender s'était mis en tête de façon trop optimiste. Car la neige avait un effet totalement inverse sur la populace du château. Sitôt que la poudre blanche et fraîche montrait le bout de son flocon, il était certain qu'une foultitude d'adolescents allait se retrouver dans le parc pour se lancer des boules de neige à la figure.

(Très amusant. Vraiment.) pensa-t-elle ironiquement en passant devant un groupe qui faisait justement une bataille de boules de neige.

Un épais bouquin sous le bras, Sylvia traversa le parc à grandes enjambées. Inutile de rester près du château : les rires idiots des élèves étaient bien trop bruyants par ici. Elle aurait peut-être plus de chance du côté du lac. Et ce fut le cas. En arrivant devant le lac entièrement gelé, Sylvia remarqua certains élèves en train de glisser sur la surface de l'eau. Mais ici, les gens semblaient calmes. Avaient-ils peur de briser la glace avec leur cris stridents ? Il fallait l'espérer, car au moins, le coin resterait tranquille pour lire.

Sylvia observa les élèves qui tournaient en rond sur le lac. Des patins. Une idée plutôt pas trop mauvaise. Cela semblait amusant. Et c'était calme. Enfin une occupation qui ne semblait pas trop idiote.

Le poids du livre qu'elle portait commençant à se faire sentir dans son bras gauche, Sylvia chercha des yeux un banc. Elle déneigea celui-ci d'un coup de baguette, et en profita pour chauffer la place à l'aide d'un petit sort. C'était toujours plus agréable pour s'installer.

Sylvia ne fut pas encore assise qu'on vint la déranger...

Sylvia Stender ne pouvait-elle donc pas avoir un instant de répit ? C'était peut-être là la rançon de la gloire. Être une élève parfaite. Être aussi douée. Être un modèle de perfection, tant dans sa rigueur envers le règlement et le boulot que dans sa personnalité... tout cela ne pouvait qu'avoir un prix : celui d'être constamment dérangée par des admirateurs. Ou quelque chose dans ce style. Parce que Sylvia n'était pas dupe. Elle savait pour quelle raison elle avait tant de personnes à ses côtés, sans arrêt : pour tirer profit d'elle et de son savoir. Les gens, même les plus jeunes, étaient avides. Très avides. Peu de personnes étaient à ses côtés pour celle qu'elle était vraiment. Parmi ces personnes, elle pouvait compter Alex Auhesse, bien qu'elle en eu douté un temps. À présent, elle savait qu'il était un ami. Clémentine Zinerth aussi. Une drôle de personne. Et puis, aussi étrange que cela puisse paraitre : Mimi Angel. Ouais. Étrange, c'était là le mot.

"Sir Nicholas ?" s'étonna-t-elle en se tournant pour voir qui était son interlocuteur.

Sir Nicholas n'était effectivement pas une des personnes qu'elle qualifiait d'intéressée. Après tout, qu'est-ce qu'une mortelle comme elle pouvait lui apporter ? Une solution pour lui trancher définitivement la tête pour qu'il rejoigne le club des chasseurs sans tête ? Moui... cela semblait peu plausible.

Sylvia Stender était d'aileurs l'une des rares personnes de Poudlard à appeler ce brave fantôme par son nom. Nick Quasi Sans Tête. Cela lui paraissait d'un ridicule ! Et puis, pas franchement sympathique pour le fantôme. Lui rappeler sans arrêt qu'il n'avait que "quasiment" perdu sa tête, ce qui lui valait la non adhésion à son club favori, n'était pas l'intention la plus louable du monde.

"Les festivités de Noël ne doivent pas être une excuse pour en oublier de cultiver son esprit," répondit-elle avec un sourire joyeux. "Je dirais même, au contraire ! Les périodes de vacances sont parfaites pour prendre un peu de temps pour lire des livres hors du cadre scolaire. Je veux dire, pour les élèves qui n'ont pas la capacité de lire autan de livres par jour que moi, bien sûr," ajouta-t-elle d'un air présomptueux. "Pour moi, cela ne change pas grand chose."

Sylvia marqua une pause, puis prit place sur le banc qu'elle venait de déneiger.

"Et vous, que faites-vous ici, Sir Nicholas ?" lui demanda-t-elle très poliment.